La Turquie propose à deux associations djihadistes syriennes la possibilité de se réinstaller au Karabakh. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, cette proposition concerne les familles d'origine turkmène, car la Turquie considère ces terres comme leurs territoires ancestraux. C'est ce qu'écrit l'édition française AgoraVox.
Pour rappel, plus de 4 000 mercenaires djihadistes ont été envoyés par la Turquie pour participer aux combats en Azerbaïdjan après avoir été recrutés dans le nord de la Syrie dans des zones sous contrôle turc et avoir reçu un entraînement sur le terrain en Turquie.
Une telle politique de nettoyage ethnique et de manipulation démographique est caractéristique de la Turquie. Les changements démographiques sont dans l'arsenal de la Turquie depuis des milliers d'années, ils se sont poursuivis au moment de la fondation de la République turque par Atatürk et ont été mis en œuvre ces dernières années. Il suffit de donner un exemple du génocide successif des Arméniens, des Grecs pontiques, des Grecs d'autres régions d'Asie mineure, des chrétiens d'Orient, etc.
Ces dernières années, la Turquie a commencé la colonisation méthodique de la partie nord de Chypre, qu'elle occupe illégalement depuis 1974. Lors de l’invasion de cette année-là elle a expulsé tous les résidents chypriotes (environ 200 000 personnes) de la région. Elle a ensuite fait venir et s'est installée à leur place des colonisateurs turcs (environ 200 000 personnes), prenant ainsi le contrôle de l'expression de la volonté des Chypriotes turcs, qui sont devenus une minorité par rapport aux colons. Cette politique vise à établir l'occupation comme un processus irréversible.
Plus récemment, la Turquie a appliqué la même méthode dans le Canton d'Afrine, situé au nord de la Syrie, qu'elle occupe depuis début 2018. Elle a chassé les habitants Kurdes, les remplaçant par des Arabes syriens, sunnites.
Aujourd’hui, deux semaines seulement après le cessez-le-feu en Artsakh, la Turquie applique la même méthode d’occupation de l’espace, en y installant des colons. Il est évident que ces colons se battront pour y rester, avec le soutien de la Turquie.
Juste pour rappel, la brigade Sultan Murad a été créée en 2013. Elle est issue d'un groupe rebelle turkmène disparu depuis, Jabhat Ahfad al-Sultan. Elle est commandée par le colonel Ahmed Othman qui a fait défection de l'armée syrienne en 2012. Ce groupe rebelle recrute parmi les Turkmènes du nord de la Syrie, surtout dans la province d'Alep, très présents dans la région côtière de cette province. Ils sont affidés à la Turquie qui les a armés et soutenus depuis le début den la crise syrienne.
La Brigade Suleiman Shah est également une milice syrienne turkmène qui arbore le nom du premier sultan ottoman au XIVème siècle.
Ces deux milices faisant partie de l’ANS (Armée Nationale Syrienne, opposée à Assad) ont été en première ligne des offensives contre les Kurdes à Afrine, en janvier 2018, puis contre le nord-est de la Syrie, en octobre 2019.
Aussi, à la fin 2019, ces miliciens ont été recrutés par Ankara et envoyés en Libye pour y combattre, sous l’égide de la Turquie, l’armée du maréchal Haftar, progressivement refoulée de l’ouest du pays.
Il s’agit d’une externalisation de la guerre en quelque sorte ; la Turquie recrute des mercenaires, préservant ainsi la vie de ses soldats. En même temps, ces mercenaires sont fanatisés et prêts à tout pour faire avancer leurs croyances obscurantistes en se faisant en même temps, « une place au soleil », si je puis dire.
Le recrutement des mercenaires syriens se fait par le biais de leur milice de rattachement, qui leur facilite un contrat « privé » avec une société de sécurité, paravent des services turcs. Les candidats sont nombreux pour une solde dix fois supérieure à celle touchée en Syrie. Les mercenaires sont généralement acheminés par des vols civils, avant d’être affectés à des fronts très exposés, où au moins 5% d’entre eux sont tués.