Dans une interview du 3 mai accordée à une chaîne d'information télévisée en continu , le ministre turc des Affaires étrangères a confirmé l'interdiction faite à tout avion arménien de survoler son territoire. Washington déplore cette décision et espère sa prochaine levée.
Par Olivier Merlet
Ce n'est pas seulement Flyone Armenia qui est interdite d'accès à l'espace aérien turc mais tous les avions arméniens et contrairement à ce qu'en disait Aram Ananyan, le patron de la compagnie low cost, la raison en est désormais claire et confirmée : l'érection, le 25 avril dernier dans le jardin circulaire d'Erevan, de la sculpture commémorative de l'opération Nemesis.
C'est ce qu'a reconnu et officiellement annoncé Mehmet Cavuscoglu, le ministre des Affaires étrangères turc dans une interview donnée à NTV, la première chaîne d'information en continu du pays, très proche de l'AKP : « Nous condamnons fermement l'ouverture du 'Nemesis Monument' à Erevan, incompatible avec l'esprit du processus de normalisation entre la Turquie et l'Arménie. […] Ils ont commencé, nous avons fermé notre espace aérien. S'ils continuent ainsi, nous prendrons également d'autres mesures ». Le ministre turc a par ailleurs ajouté que seul le président du Parlement arménien, Alen Simonyan, serait autorisé à se rendre en Turquie pour assister à la réunion de l'Assemblée parlementaire de la Coopération économique de la mer Noire ces 4 et 5 mai. « C'est une exception », a-t-il bien précisé.
La décision d'Ankara intervient au moment même où d'importantes négociations d'une longueur inédite sont engagées à Washington pour tenter de dégager un premier accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et plus largement sur la sécurité et la normalisation de la situation dans toute la région du Sud-Caucase.
Le département d'État américain a noté « avec déception l'annonce faite par la Turquie de suspendre les autorisations de survol des compagnies aériennes arméniennes. L'accord qui avait été conclu précédemment entre ces deux pays pour reprendre les liaisons aériennes avait été une mesure de confiance très importante - non seulement entre ces deux pays, mais aussi, je le répète, pour la stabilité régionale dans son ensemble ». Nous espérons sincèrement que la Turquie et l'Arménie pourront continuer à renouer des liens économiques et à ouvrir des liaisons de transport » a déclaré Vedant Petel, porte-parole adjoint du département.