La danse arménienne, outil de transmission et d'ouverture sur le monde

Arts et culture
01.10.2024

Les premières traces de la danse arménienne remontent à plusieurs millénaires, exécutée pour célébrer des fêtes païennes et des rituels. Elle n'a cependant pas cessé d'évoluer au fil des bouleversements traversés par le pays.

Par Barbara Chamassian

 

L’adoption du christianisme en 301 va marquer un premier tournant : les mouvements deviennent plus sobres et les danses prennent un caractère de plus en plus spirituel, même si certaines restent attachées aux traditions païennes. Par ailleurs, les influences des différents empires et le développement d'un riche patrimoine régional laissent eux aussi leur empreinte, enrichissant les pratiques et les mouvements de cette forme d’art.

Après le génocide de 1915 et avec l'expansion de la diaspora, la culture arménienne, et notamment la danse, s'est exportée, offrant aux Arméniens du monde entier un moyen de se rassembler autour de leurs racines et de préserver leur identité. La période soviétique, malgré ses contraintes, a favorisé le maintien et même le développement de la danse folklorique, les autorités encourageant les différentes républiques à préserver leurs traditions, ce qui a permis à l’Arménie de voir émerger des troupes d'État dynamiques.

La danse arménienne incarne l'histoire de son peuple, ses batailles, ses pertes et ses joies. Comme toute forme d'art, elle exprime les émotions que l’on ne peut dire et permet de les ancrer pour ne pas les oublier. C’est le cas de plusieurs danses comme « Kilika », par exemple, qui relate la perte de la ville de Cilicie tombée aux mains de l’armée turque et le chagrin qu'elle a causé.

Cet art, partie intégrante de l’histoire arménienne, a longtemps constitué un instrument de résistance du peuple arménien pour maintenir son identité. L’inscription du "Kotchari" au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO en 2017 atteste de d’une reconnaissance par la communauté internationale de la danse comme élément à part entière de la culture arménienne.

Cependant, la danse peut aussi être un réceptacle d’autres cultures pour les faire découvrir au public arménien. C’est dans cette optique que l’ensemble d’état Barekamutyun a présenté fin juillet au théâtre Gabriel Sundukyan d’Erervan le spectacle "International Dances" rassemblant des créations inspirées de différents folklores espagnols, grecs ou encore tziganes et certaines du répertoire arménien.

L'événement a permis d'offrir au public la possibilité et d'apprécier des danses du monde entier, tout en gardant une identité arménienne forte, grâce au talent de l'une des troupes les plus renommées du pays. Ainsi, la danse permet non seulement à la culture arménienne de rayonner à l’international, mais aussi à l'Arménie de s'ouvrir sur le monde et de découvrir les richesses culturelles venues d’ailleurs.