Aujourd'hui 28 mai, l'Arménie fête la République, réelle et historique.
Par Olivier Merlet
Gharakilisa, Bash-Aparan et Sardarapat… C'est sous le nom de cette dernière localité près d'Armavir, à une quarantaine de kilomètres de la capitale, que restera gravé à jamais le souvenir de ces trois batailles, du 21 au 29 mai 1918, qui marquèrent l'avènement de l'Arménie moderne, de sa toute première République, et bien sûr de sa victoire contre la volonté turque d'envahir son territoire et d'anéantir le peuple arménien.
106 ans plus tard, les cloches de Sardarapat sonnent encore plus symboliquement que jamais à l'heure d'une troisième république arménienne menacée, non seulement de l'extérieur, par les presque mêmes ennemis qu'hier, mais plus tragiquement encore, par les divisions et la rupture au sein de son État et de sa nation-monde.
À 10h30 ce même jour l'an dernier, encadré des deux taureaux ailés dessinés par Rafael Israelyan, le chef du gouvernement de la République d'Arménie, face au mur de la Victoire, reconnaissait « avoir sur sa table » les leçons de l'éphémère Première république : « La famine, l’émigration du génocide, les conflits internes, le manque séculaire d’économie, les institutions de l’État, la culture de l’État, l’influence étrangère, la guerre » …
Nikol Pashinyan ne s'est pas rendu cette année à Sardarapat. Et pour cause : les partisans du mouvement "Tavush pour la patrie" l'y attendaient depuis hier soir avec leur leader, l'archimandrite Bagrat Galstanyan. C'est lui qui ce matin s'exprimait devant le peuple d'Arménie et les caméras.
Dans son traditionnel message de félicitations publié hier depuis son bureau d'Erevan, le Premier ministre a souhaité « préserver et développer l'État, l'identité, les valeurs ».