La Fondation pour la Biennale d'art d'Erevan (YBAF) a présenté à l'Espace Latitude, l'ancienne manufacture d'Havakni en périphérie de la capitale, la toute première exposition collective de 23 artistes Érévantsis qu'elle soutient.
Par Darya Jumel
Finn Arschavir, est écossais et arménien. Il réside en Arménie où il a choisi de s'engager en tant que volontaire pour Birthright Armenia. Une association qui fait découvrir son pays d'origine par le biais du bénévolat. Sélectionné commissaire de l'exposition "un sentiment de frénésie" par l'équipe de YBAF, il souhaité décliner son thème dans les sphères philosophiques, humanistes et politiques.
Pour ce jeune homme, la question de la survie dans un monde en proie à l'entropie, au désordre, à la destruction et aux crises sans fin est cruciale et n'offre que deux perspectives : résister farouchement aux défis ou prendre des moments de réflexion et de calme pour contempler l'existence. C'est cette réflexion existentielle qu'il a souhaité illustrer en sélectionnant des œuvres métaphoriques présentées le soir du vernissage devant plus de 300 spectateurs, et passionnés d'art.
Chaque artiste invité a répondu à cette agitation de manière unique. On y découvre une montagne prenant doucement forme dans l'esprit de la terre, une tempête furieuse balayant un paysage dévasté, ou encore un passant à l'empathie naissante lorsque son regard croise celui d'une silhouette encapuchonnée dans l'intimité d'un autobus.
Pour certains, l'acte de peindre est une expérience intuitive et méditative, pour d'autres, elle relève d'un processus dirigé et ciblé. Pour tous, la pratique artistique est devenue un sanctuaire, un lieu de soin et une connexion avec des instants d'énergie spontanée.
« Je crois que les limites nous rendent plus créatifs. Inclure ces 23 artistes a été un défi en soi, limité par des contraintes physiques, à commencer par celles de l'espace lui-même. Latitude avait juste le bon nombre de murs, y compris les murs mobiles, pour que l'exposition fonctionne. Mais la grande qualité de l'art auquel nous avons eu affaire nous a beaucoup inspirés et a rendu le processus très agréable », note Ani Israyelyan, directrice exécutive de la fondation.
L'installation, signée Arthur Hakobyan interroge de manière critique l'espace de la perception et de l'imagination. Des moulages, des outils, des matériaux naturels et des fragments brisés provenant de son atelier ont été méticuleusement agencés sur des murs inhabituellement préparés pour les recevoir.
La Fondation pour la Biennale d'Art d'Erevan a été créée pour développer et mettre en œuvre les initiatives dans ce milieu tout au long de l'année. Elle est née de la rencontre entre son co-directeur, Fabio Lenzi, et les membres fondateurs de Hovnanian International lors de l'exposition internationale d'Erevan pour l'Art contemporain en 2018. Ensemble, ils partagent une vision commune.
Selon Fabio Lenzi : « Chaque projet que nous proposons est conçu pour créer des ponts interdisciplinaires et internationaux, des dialogues entre différents domaines et cultures qui contribueront à rendre l'Arménie plus diversifiée, plus forte dans ses partenariats et sa notoriété à l'échelle mondiale. Par le biais de divers programmes, des expositions individuelles, des concours de mode pour les stylistes locaux et encore des résidences artistiques, nous souhaitons mettre en avant les peintres arméniens modernes ».
« Je suis très optimiste quant à l'avenir de la scène artistique en Arménie », reprend Ani Israyelyan, « il est grand temps que le monde se réveille et s'intéresse à cette question. Je souhaite à tous les artistes du YBAF bonne chance pour l'avenir ».