À trois jours du sommet exceptionnel qui réunira à Bruxelles, le 5 avril prochain, le Premier ministre Nikol Pashinyan, le chef de la diplomatie américaine et la présidente de la commission européenne, Bakou continue de faire monter la pression aux frontières.
Par Olivier Merlet
Pour la deuxième journée consécutive le 1er avril en début de soirée, le ministère azerbaïdjanais de la Défense de la République d’Azerbaïdjan a publié un communiqué, vidéo à l'appui, rapportant « l’installation d'unités et d'équipements de combat des forces armées arméniennes dans différentes directions de la frontière conventionnelle » ainsi que la création de « postes d'appui et de tir à longue portée et la construction de fortifications » où seraient placées « des systèmes d'artillerie et d'autres armes offensives ».
La réponse de l'État-major arménien est intervenue dans la foulée, affirmant que ces vidéos présentent « des activités d'ingénierie, de fortification et de construction d'infrastructures de nature défensive entreprises ces derniers mois dans les zones de protection arrière » et tentent de les faire passer comme résultant d'activités intensives ces derniers jours de renforcement des troupes le long des lignes de front.
« Le ministère azerbaïdjanais de la Défense continue de diffuser des informations erronées », rappelle son message, soulignant légitimement que « la réalisation de travaux d'ingénierie par la République d'Arménie sur le territoire souverain de l'Arménie est son droit souverain exclusif. Ces activités sont purement défensives et visent à sauvegarder l'intégrité territoriale de la République d'Arménie ».
Comme hier, il précise encore « que la situation opérationnelle le long de la frontière est stable », n'impliquant pas « la nécessité de mesures supplémentaires pour sa protection ». De même, la direction de la mission européenne d'observation (EUMA) rend compte de ses patrouilles du 1er avril « du côté arménien de la frontière, nos observateurs n'ont pas observé de mouvements militaires inhabituels. Le lundi de Pâques s'est déroulé dans le calme et la sérénité ».
A Washington dans la nuit, le département d'État américain a mis en garde, « et nous continuerons de le faire », a déclaré son porte-parole, « contre une escalade verbale ou des hostilités le long de la frontière ». Interrogé sur un éventuel contact d'Anthony Blinken avec la partie azerbaïdjanaise à trois jours de sa participation au sommet de Bruxelles, Matthew Miller a répété « nous continuerons à dire clairement à l'Arménie et à l'Azerbaïdjan que l'escalade n'est dans l'intérêt de personne », ajoutant « Je n'ai pas de conversation diplomatique à annoncer. Cette réunion porte sur les réformes de l’Arménie et sur sa démocratie, son économie et sa résilience. Le processus de paix n'est pas au centre de cette réunion ; il s’agit d’une réunion entre les États-Unis, l’UE et l’Arménie pour discuter de la diversification économique, de l’aide humanitaire, du soutien aux réfugiés et du soutien aux réformes politiques de l’Arménie dans des domaines tels que la démocratie et l’État de droit. Il ne s’agit pas d’une réunion régionale ».