Le Sénat français a adopté hier, à l'unanimité moins une voix, la résolution 157 visant à condamner l’offensive militaire de l’Azerbaïdjan au Haut-Karabagh et à prévenir toute autre tentative d’agression et de violation de l’intégrité territoriale de la République d’Arménie, appelant à des sanctions envers l’Azerbaïdjan et demandant la garantie du droit au retour des populations arméniennes au Haut-Karabagh.
Par Olivier Merlet
Quatre mois après les évènements, la condamnation de l'Azerbaïdjan par la haute chambre du parlement français le 17 janvier semble bien tardive. Elle a par contre non seulement l'intérêt d'exister mais aussi d'y apporter d'y apporter une résonnance massive, solennelle et consensuelle de toute la classe politique d'une puissance mondiale qui compte encore et surtout, d'appeler à l’application de sanctions au niveau européen et international. De l'appel à leur application, à commencer par l'Europe, il reste néanmoins 26 autres pays à convaincre pour que celles-ci, un jour, deviennent effective.
La résolution 157, 2023-2024 vise également à prévenir toute autre attaque susceptible de porter atteinte à l’intégrité territoriale de l’Arménie, à garantir l’aide au retour des populations arméniennes au Haut-Karabagh et à protéger le patrimoine arménien menacé de destruction.
Au nom du groupe interparlementaire d’amitié France-Arménie du Sénat, son président, Gilbert-Luc Devinaz, rapporteur de la résolution avec Bruno Retailleau, a salué son adoption par le Sénat en se félicitant du large consensus politique au tour du texte, cosigné par les présidents de l’ensemble des groupes politiques du Sénat. « Cette belle unanimité démontre s’il en est besoin » a-t-il déclaré, « que la cause arménienne dépasse les clivages politiques. Elle renvoie à l’universel , à la défense des droits de l’homme contre la volonté génocidaire de l’Azerbaïdjan, à la défense de la démocratie contre la dictature, à la défense de l’ordre international et de la diplomatie contre l’emploi de la force et le retour des logiques de puissance ».
Faisant valoir la nécessité pour l’Arménie d’avoir les moyens de se défendre, pour prévenir toute nouvelle tentative d’agression et de violation de sa souveraineté en particulier dans le Sud, sur le tracé qui relie Bakou au Nakhitchevan, le Président du groupe interparlementaire d’amitié a exprimé sa satisfaction vis-à-vis de la coopération militaire mise en place fin octobre entre la France et l’Arménie. « Alors que Missak Manouchian rentrera dans quelques semaines au Panthéon, pour avoir défendu les valeurs de la République et de la France, nous nous devons à notre tour de défendre la République d’Arménie, et les valeurs démocratiques qu’elle incarne dans cette région tourmentée du Caucase, située au voisinage de l’Europe ».
Bruno Retailleau, président du groupe d’information internationale sur le Haut-Karabagh, l'autre rapporteur de la résolution, a appelé le gouvernement à « une fermeté totale et durable vis-à-vis de toute nouvelle tentative d’agression ou de violation de l’intégrité du territoire souverain de l’Arménie. »
Évoquant le patrimoine historique arménien d'Artsakh, il s'est ému de «l’éradication de 3000 ans d’histoire en 3 jours. Quelque 120.000 Arméniens du Haut-Karabagh ont été contraints à s’exiler et à abandonner leurs terres. Ils laissent derrière eux, sans certitude de retour, un patrimoine menacé de destruction qui n’appartient pas seulement à l’Arménie, mais à l’humanité tout entière. Il est urgent que l’UNESCO, sous l’impulsion de la nouvelle ministre française de la Culture, envoie une mission d’experts internationaux pour la protection de ce patrimoine multi séculaire ».
« Ce qui se joue dans le Caucase, c’est le combat entre la liberté des peuples et la tyrannie, entre la démocratie et la démocrature », a conclu le sénateur républicain.
Simultanément, à l'Assemblée nationale, la deuxième chambre du parlement français, la présidente du groupe d'amitié France-Arménie, Anne Laurence Petel, soumettait à l'examen de la commission des Affaires européenne une résolution du même intitulé que celle adoptée au Sénat. Obtenant l'unanimité des présents, le texte sera prochainement examiné par la commission des Affaires étrangères avant sa présentation en session devant l' Assemblée nationale.