La 21ème réunion d'automne de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) a réuni près de 200 participants à Erevan tout ce week-end pour un appel au renforcement du multilatéralisme.
Par Olivier Merlet
Accueillis dans le grand hall du complexe Karen Demirchyan d'Erevan par Alen Simonyan, le président de l'Assemblée nationale arménienne, deux-cent parlementaires du monde entier ont abordé du 18 au 20 novembre la multiplication des graves menaces à la paix mondiale apparues ces deux dernières années. La situation en Ukraine, au Moyen-Orient, en Palestine et bien sûr les récentes hostilités militaires dans le Sud-Caucase ont été débattues, appelant les intervenants à une « approche plus audacieuse de la diplomatie internationale et de la sécurité coopérative, au renforcement du multilatéralisme afin d'instaurer une paix durable et une véritable sécurité dans la région euro-atlantique ».
Le Premier ministre Nikol Pashinyan a également tenu un discours de bienvenue dans lequel il a rappelé les problèmes auxquelles étaient confrontée l'Arménie dans le contexte des tensions régionales. Il a également présenté le projet arménien de Carrefour de la Paix
Parlant de « plus de cent mille Arméniens déplacés de force du Haut-Karabagh » dont elle avait « entendu les histoires », la présidente de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, Pia Kauma, a estimé qu' «une paix durable et une véritable sécurité exigent la confiance et la réconciliation. Il incombe aux dirigeants politiques de montrer la voie ». Elle a par ailleurs fait remarquer que « le prix de la justice ne peut être la souffrance continue des civils ».
Selon Pia Kauma, l'histoire se répète et les personnes vivant dans la région de l'OSCE devraient se souvenir qu'il y a un demi-siècle, les pays se sont consolidés pour briser le mécanisme désastreux de la haine. « Notre réunion d'automne est donc une excellente occasion de réfléchir à la manière dont l'OSCE peut trouver des solutions durables aux défis qui se posent dans notre région ». La présidente de l'Assemblée parlementaire a évoqué en ce sens le renforcement des institutions étatiques ainsi que la promotion du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Lors de la réunion de la direction politique de l'OSCE, sa Secrétaire générale, Helga Schmid a reconnu sans les nommer les nombreux défis auxquels est confrontée l'organisation mais a tenu à assurer qu'elle continuait à remplir ses mandats.
Armen Grigoryan, secrétaire du Conseil de sécurité d'Arménie, a présenté la situation sécuritaire dans la région. « Au cours des dernières années, l'Arménie a connu de brusques changements qui ont donné lieu à une nouvelle vision du rôle de l'OSCE sur la scène internationale », a-t-il noté, bien qu'il apprécie son « soutien continu » dans le renforcement démocratique en Arménie. « Ce processus renforce continuellement les institutions de l'État arménien et rend la société arménienne plus endurante face aux défis internes et externes ». Armen Grigoryan a également évoqué le nettoyage ethnique dont est victime la population arménienne autochtone du Haut-Karabagh et affirmé que l'Arménie souhaite la paix dans la région et qu'elle reste résolument fidèle à cet agenda.
Les parlementaires ont partagé leur inquiétude quant au déplacement forcé des Arméniens du Haut-Karabakh, leur soutien à ceux qui ont souffert de l'agression et indiqué qu'ils soutenaient l'établissement de la paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Ils ont par ailleurs noté que la démocratie était devenue vulnérable et qu'une diplomatie appropriée accompagnée de mesures actives étaient nécessaires pour parer à toute agression. « Les États qui mettent en œuvre l'agression devraient en assumer la responsabilité » ont-ils déclaré, sans toutefois en évoquer les risques ou les sanctions auxquels ces États pourraient s'exposer.
Reconnaissant que la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Arménie étaient en danger, l'Assemblée parlementaire a enfin appelé à la défense des prisonniers arméniens en Azerbaïdjan et à la préservation du patrimoine historico-culturel arménien dans le Haut-Karabagh.
