Depuis la fin de la crise sanitaire qui a négativement impacté le tourisme mondial, les dernières statistiques du tourisme en Arménie atteignent des records. Si les Russes représentent la part la plus importante des visiteurs étrangers, l'Arménie tente de voir plus loin.
Par Allan Branger
1 million 670 mille ! C’est le nombre de touristes à avoir visité l’Arménie en 2022, selon le bilan communiqué par le comité du tourisme. Avec deux fois plus de visiteurs que l’année précédente (870 000 en 2021), il s'agit de la seconde année la plus attractive de l’histoire de l’Arménie après 2019 et ses 1,9 million de touristes.
L’année 2023 devrait d'ailleurs bientôt la remplacer, en avril déjà, les services d'immigration enregistraient 179 064 entrées sur le territoire national contre 137 597 pour le même mois de 2019, soit une augmentation de 35 %. « Il s'agit du meilleur chiffre que nous ayons eu pour le mois d’avril » affirme même le comité du tourisme. Pour la première fois en 2023, le budget de l'État consacré au développement et à la promotion du secteur du tourisme en Arménie atteindra 1 milliard de drams (environ 2,6 millions de dollars), soit cinq fois plus que le montant alloué les années précédentes.
Concernant l’identité des 450 000 touristes ayant atterri en Arménie sur les trois premiers mois de cette année ( 81% de plus qu'en 2022), les ressortissants Russes comptent pour la moitié, avec plus de 237 040 individus, la Géorgie arrive deuxième avec plus de 53 707 arrivés, qant à la troisième place, on retrouve comme à son habitude l’Iran qui atteint les 25 458 touristes. La France, n’obtient que la neuvième position avec un peu moins de 3 000 français ayant visités le territoire arménien.
Selon Mekhak Apresyan, le président de la Fédération du tourisme en Arménie, un touriste dépense en moyenne mille dollars au cours de son séjour, contre sept à huit cents dollars seulement il y a quelques années.
Les Arméniens découvrent aussi leur pays !
Yegor Nadryan, guide touristique depuis maintenant sept ans, dresse un bilan assez différent des statistiques réalisées par le comité du tourisme. « La majeure partie des touristes dans ce bus est arménienne. Chaque année, il y a de plus en plus de touristes arméniens ». Le guide touristique affirme qu’aujourd’hui, les Arméniens représentent plus d’un client sur deux des excursions qu'organisent leur compagnie. Par ailleurs, des évènements sont organisés pour inciter les Arméniens à s’intéresser à leur patrimoine, avec par exemple la Journée internationale des monuments qui s’est déroulé le 18 avril dernier. Erebuni, la réserve-musée historique et archéologique, a par exemple organisé une exposition confrontant ses visiteurs aux problématiques de restauration des sites antiques et de modernisation des services aux visiteurs afin de correspondre au thème de cette année : « Patrimoine culturel et tourisme durable ».
Selon Yegor, de nombreux autochtones vexés de moins bien connaître leur pays que certains visiteurs se seraient décidé d’aller à la découverte de celui-ci. Le guide affirme encore que « ce phénomène, en plus de la crise sanitaire, a encouragé les Arméniens à visiter leur pays. Par ailleurs, il ne faut pas oublier la diaspora qui représente une grande partie des touristes ». Sur une population de 12 millions d'Arméniens dans le monde, un peu moins de 3 millions vivent en Arménie, la diaspora représente par conséquent une part importante du nombre total des touristes venus de l'étranger.
Vers une stabilisation du tourisme ?
En raison de la pandémie de COVID-19 puis de la guerre avec l’Azerbaïdjan, les recettes touristiques se sont effondrées en 2020, passant de1,55 milliard de dollars l'année précédente à guère plus de 303 millions, soit un effondrement de 80 % et leur score le plus bas depuis 2005.
La fin de la guerre et la relative stabilisation politique du pays tirent le tourisme arménien vers le haut. L’Arménie se classe ainsi 61ème sur 117 pays dans le bilan 2021 sur la compétitivité des voyages et du tourisme du Forum économique mondial (WEF), en progression de 18 places sur l'exercice précèdent. Avec des chiffres qui ne cessent d’augmenter, les années à venir marqueront certainement une nouvelle progression de la patrie de Noé dans ce classement.
La hausse du dram conjuguée à la baisse des taux de change du dollar et de l'euro viennent toutefois tempérer cet enthousiasme en impactant fortement les résultats des agences de voyages. Selon le chef de la Fédération du tourisme, le coût des forfaits "inbound" à l'intention du marché étranger pourrait augmenter jusqu'à 50 %. L’Arménie doit encore surmonter certains obstacles avant de prétendre à devenir un pôle du tourisme mondial.
