32e anniversaire des pogroms anti-arméniens de Soumgaït

Actualité
29.02.2020

Dans les derniers jours de février 1988, la population arménienne de Sumgaït, une petite ville ouvrière située à une trentaine de kilomètres de Bakou, capitale azerbaïdjanaise, a été victime de massacres et d'atrocités planifiés à l’avance et perpétrés avec une cruauté indescriptible.

Les pogroms visant la population arménienne dans la ville de Sumgaït les 27, 28 et 29 février 1988, accompagnés de violences massives, de viols, de meurtres, d'incendies, et vols et de destruction de biens, ont fait des dizaines de victimes et des centaines de blessés. Il s'agit d'un événement historique et d'un tournant dans l'aggravation du conflit ethnique qui a provoqué les premiers flux de réfugiés arméniens de Sumgaït vers le Karabakh (Artsakh) et l'Arménie.

Le mouvement pour les droits et la sécurité des Arméniens vivant à l'intérieur de l'Azerbaïdjan soviétique - en particulier dans la région autonome du Haut-Karabakh - était une initiative pacifique, censée être résolue comme une question interne de l'URSS, dans le cadre des dispositions du droit soviétique et des réformes initiées par le pouvoir de l'époque.

Les pogroms de Sumgaït, orchestrés par le gouvernement azéri, ont marqué le début du conflit du Haut-Karabakh. C’était la réponse de l’Azerbaïdjan à la revendication pacifique des Artsakhiotes pour le rattachement de leur territoire à l’Arménie.

Tout espoir d'éviter la violence a été anéanti fin février 1988. Des haches, des couteaux ou alors des armes improvisées telles que des tuyaux ou du métal aiguisé ont été utilisées pour traquer les Arméniens chez eux, pour blesser, tuer, violer et piller, dans un pogrom qui a duré trois jours, sous les yeux indifférents de la police azerbaïdjannaise et de l'armée soviétique, basée à quelques quartiers seulement des lieux du crime. Le nombre de victimes n'a jamais été entièrement déterminé, allant de 30 jusqu'à des centaines, sans oublier les blessés ou mutilés, ainsi que les milliers de personnes qui ont fui.

Les réponses des gouvernements azerbaïdjanais successifs aux massacres de Sumgaït ont été lentes et indécises. Les autorités locales étaient naturellement inactives. La couverture médiatique officielle était limitée et les procès qui ont suivi - ressemblant plutôt à une formalité, expéditifs et peu approfondis. En particulier, la nature organisée et préméditée du pogrom n'a jamais été pleinement reconnue ou étudiée. L'une des conséquences de cette impunité est que de nouveaux massacres d'Arméniens ont eu lieu à Kirovabad (Ganja) en novembre 1988 et à Bakou en janvier 1990.

Les pogroms de Sumgaït, orchestrés par le gouvernement azéri, ont marqué le début du conflit du Haut-Karabakh. C’était la réponse de l’Azerbaïdjan à la revendication pacifique des Artsakhiotes pour le rattachement de leur territoire à l’Arménie.

« Aujourd'hui, nous commémorons les victimes des massacres de Sumgaït avec un ferme engagement à prévenir de tels crimes contre le peuple arménien »

Sumgaït reste une ville industrielle d'Azerbaïdjan aujourd'hui, dépourvue de sa population arménienne d'autrefois, un peu comme le reste du pays. Même si le territoire du Haut-Karabakh est au centre de ce soi-disant conflit gelé, des vies arméniennes ont été prises ou déracinées sur tout le territoire de ce qui était l'Azerbaïdjan soviétique. De nombreux réfugiés se sont retrouvés en Arménie, en Russie et aux États-Unis.

Jusqu’à nos jours, l’évaluation donnée par les autorités azerbaïdjanaises du massacre de Sumgaït reflète clairement l’absence de volonté de résoudre le conflit du Haut-Karabakh.

« Pendant trois décennies, les autorités azerbaïdjanaises ont changé leurs tactiques d'évaluation - de la glorification des auteurs jusqu’au blâme des victimes dans l'organisation des pogroms. Seule l’absence de volonté de la partie azerbaïdjanaise d’assumer la responsabilité de violations massives et graves des droits de l’Homme et de leurs intentions génocidaires contre les Arméniens demeure inchangée. Aujourd'hui, nous commémorons les victimes des massacres de Sumgaït avec un ferme engagement à prévenir de tels crimes contre le peuple arménien », lit-on dans la déclaration publiée à l'occasion du 32e anniversaire des pogroms des Arméniens à Sumgaït par le ministère arménien des Affaires étrangères.

Attention: les photos qui vont suivre sont de nature à heurter la sensibilité. Elles sont disponibles sur Internet, comme des dizaines d'autres témoignages relatifs à ces horribles événements.