Seul dans la classe

Société
17.07.2019

En Arménie, 452 enfants sont le seul élève de la classe. L’école du village d’Azat de la région Gegharqunik compte quatre élèves. Serioja Khachatryan est le seul élève de première du village.  Il n’a qu’un compagnon de jeu et une camarade de classe : son enseignante.

L'école principale d'Azat compte quatre élèves : deux élèves de septième, un sixième et un élève de première année. Le directeur de l’école, Vardan Nersesyan raconte que dans les années 90, ils avaient environ quarante élèves, mais peu à peu leur nombre a diminué. Il y a deux ans, l'école comptait dix élèves, l’année dernière- six.

« Notre école est très grande. On a deux étages. Mais il n’y a que quatre élèves dans le village : Alla, Arpiné, Andranik et moi », - raconte Seryoja Khachatryan, le seul élève de première du village d’Azat, dans la région Gegharkunik. Il a terminé l'année scolaire seul. À partir de septembre, trois nouveaux élèves de première année rejoindront Serioja et formeront ensemble une classe complète. Mais pour l’instant, son enseignante Vahanouche Melikyan est à la fois un compagnon de jeu et une camarade de classe pour Seryoja. Parfois elle fait exprès des erreurs pour combler ainsi l’absence des camarades de classe. « Certes, c’est un enseignement personnel, mais nous essayons d’appliquer des méthodes spéciales, pour que l’enfant ne soit pas toujours dans le rôle d’auditeur », - explique Vahanouche Melikyan.

Mais selon l'enseignante, cette « solitude » laisse quand-même ses traces. Les enfants qui sont seuls dans la classe n’ont pas de possibilités d'acquérir des compétences sociales, comme dans le cas d'une formation en groupe, parce que c’est seulement grâce aux échanges, à la concurrence et aux comparaisons que les élèves se socialisent et sortent des cadres.

En Arménie, il y a 452 enfants comme Seryoja Khachatryan. Le plus grand nombre de classes composées d’un élève, sont dans les régions Syunik (51 écoles), Shirak (34) et Lori (31).

Les tendances de la pauvreté et de l'émigration sont directement comparables au nombre des écoles ayant peu d’élèves. Plus le taux de pauvreté dans la communauté est élevé, plus l'émigration dans la communauté est grande. Conséquemment le nombre des écoles ayant peu d’élèves y augmente.

Selon Serob Khachatryan, expert en éducation, dans la classe où il n’y a qu’un élève, la fonction sociale d’éducation ne se réalise pas, car à l’école l’enfant doit non seulement obtenir des informations et des connaissances, mais aussi apprendre à communiquer avec les autres enfants, afin de se familiariser avec différents caractères, attitudes et opinions.

Le chef du département des programmes de développement et du monitoring du Ministère de l'éducation, des sciences, de la culture et du sport de la République d’Arménie, Robert Stepanyan partage l’idée que la particularité essentielle de l'enseignement en groupe réside dans l’acquisition des compétences sociales. « Il y a un certain format de classe où le développement général de l'enfant est plus efficace. Cependant, nous avons quelques cas quand nous sommes incapables d’assurer une formation en groupe », - explique Robert Stepanyan.

Le chef du département fait remarquer que la plupart des écoles ayant des classes composées d'un élève, se situent dans des communautés frontalières et éloignées où leur existence a une signification particulière. « Nous n'avons pas le droit moral de fermer des écoles dans ces communautés car s’il n’y a pas d’école, la vie de la communauté sera en danger », - souligne Robert Sahakyan.

Selon lui, bien que le ministère dépense beaucoup plus d'argent sur les écoles ayant peu d’élèves, il n’arrive pas à améliorer la qualité de l’éducation. En tout cas, Stepanyan assure que l'État n’a pas l’intention d'économiser de l'argent, au contraire :  il essaie même d'augmenter le montant des allocations pour améliorer la qualité de l'éducation.

D'après la presse arménienne