Durant dix jours, la ONG française Radio Activité réalisait une série d’ateliers radiophoniques dans plusieurs villes arméniennes. Il s’agit en fait d’un outil pédagogique permettant à toutes et à tous de créer leurs propres émissions radio. Avec Radio Activité, la radio devient un espace pour se raconter, échanger, réfléchir et valoriser des paroles au micro.
Par Anna Baghdassarian
Chacun d’entre nous peut faire sa propre émission de radio. Vous allez demander comment ? La réponse est simple ! Il suffit de participer aux ateliers de Radio Activité, une radio itinérante, qui propose des outils pédagogiques et donne la parole à tous, en leur faisant découvrir le monde des sons et des voix. Pour y participer, il n’y a aucune condition technique ou éditoriale requise à la base.
Les ateliers se déplacent dans des centres sociaux, des théâtres, des prisons, des festivals, des maisons de retraite et des camps de réfugiés avec le projet MicroCamp Radio. « On considère que la radio est un formidable moyen pour que les gens puissent se rencontrer et discuter ensemble des choses, dont on n’a pas forcément l’occasion de parler. Donc, on utilise la radio un peu comme ce qu’on appelle un lieu de rencontre, et de ça va naître une émission », - nous raconte Antoine Lalanne-Desmet, membre bénévole de l’association Radio Activité.
La finalité des ateliers est la création collective d’une émission en direct sur des thèmes choisis par les participants. « C’est assez intéressant, parce que pendant les ateliers, il y a une dynamique. Chaque atelier finit par une émission. Les participants ont un produit fini avec un début, une fin, une dépose musicale. Et voilà, la radio est un très bon prétexte pour faire rencontrer les gens », - explique Antoine.
Ces programmes encouragent aussi l’écoute active, les échanges apaisés et l’expression de chacun en valorisant la parole. Ils sont l’occasion de s’interroger ensemble sur l’environnement quotidien et d’aborder des thèmes parfois tabous ou laissés pour compte. « Au micro, la parole devient performative, active, elle devient plus forte », -souligne Mathilde Mouzon, autre bénévole de l’association Radio Activité. « Le but, c’est que les gens passent un bon moment, mais aussi que ça reste. Ce n’est pas seulement apprendre quelques techniques d’interviews, de journalisme. Ce n’est pas ça qui est le plus important : ce sont les moments, qui seront passés ensembles », -raconte Mathilde Mouzon.
Selon Constance Léon, bénévole de l’association Radio Activité, en Arménie, ces ateliers de radio permettront de faire entendre la voix du public, les gens qui ont tant de choses à dire après la Révolution de velours survenue en Arménie en 2018, qui sont pleins d’espoirs, qui attendent beaucoup du nouveau gouvernement. Constance Léon est aussi persuadée que ce projet s’intègre parfaitement dans le cycle de la Francophonie, entamée après le Sommet d’Erevan, en octobre dernier.
A la suite des ateliers, une cérémonie de restitution ouverte au public est organisée le jeudi 23 mai, à 16h30, dans les locaux des Nations-Unies à Erevan, pendant laquelle les participants des ateliers seront présents pour raconter leur expérience. Il y aura également la possibilité d’écouter des extraits des ateliers. Le collectif d'artistes visuels américano-arméniens Koorigs y exposera des illustrations spécialement créées pour chaque atelier.
