Charles Aznavour - 100 ans !

Arménie francophone
22.05.2024

Ce mercredi 22 mai marque le centenaire de la naissance de l’artiste aux multiples facettes. Fierté de la France et de l’Arménie, il sera célébré tout au long de la journée, avec en apothéose ce soir, un concert à Cascade.

Par Théotime Coutaud

 

En 2018, lors de son dernier concert, le Grand Aznavour déclarait ne pouvoir rien faire d’autre que vivre, « vivre sur scène ». Ironie du sort, accompagnant la visite du président Hollande à Erevan en 2014, il avait donné rendez-vous aux Arméniens ce 22 mai 2024 pour son “concert d’adieu”. Un hommage lui sera rendu, cent ans après sa naissance, à Cascade, ce soir à partir de 20h.

Monument de la chanson française et héros national en Arménie, Charles (Chahnour Vahinak) Aznavourian naît à Paris il y a donc 100 ans. Son père est originaire d'Akhaltsikhe - alors dans l’Empire russe, aujourd’hui en Géorgie - et sa mère, survivante du génocide, d'Izmir, en Anatolie. Après s’être rencontrés à Constantinople, le couple se trouve à Paris à la naissance de Charles. Dans l’attente d’un visa pour les États-Unis qu'ils n'obtiendront pas, Misha et Knar finissent par s'y installer, 22 rue de Navarin. Charles et sa sœur aînée Aïda grandissent dans un milieu artistique, autour d’une mère comédienne et d’un père baryton, lequel chante, dans son restaurant "Le Caucase", pour les exilés venus de l’Est. La famille Aznavour se distingue pendant la seconde guerre mondiale en entrant dans la Résistance, secourant des familles juives et abritant pendant quelques semaines les époux Manouchian recherchés par les Allemands. Elle obtient la nationalité française deux ans après la Libération en 1947.

Depuis sa plus petite enfance, Charles Aznavour se produit dans de petites pièces de théâtre et chante, déjà, à l’église. Plus tard, il se lance dans la composition, notamment avec Pierre Roche. En 1946, il fait la rencontre d’Edith Piaf qui l’emmène en tournée en France et aux États-Unis. En 1959, il obtient enfin la consécration après son célèbre concert à l'Olympia. La suite est connue de tous : Charles écrit plus d’un millier de chansons, les interprète en différentes langues aux quatre coins du monde, et joue dans une soixantaine de films.

Son engagement pour l’Arménie croît au fur et à mesure de sa vie. En 1971, il écrit “Ils sont tombés”, chanson dénonçant le génocide arménien. Suite au tremblement de terre de Spitak en 1988, Aznavour quitte son costume de scène pour aider concrètement l’Arménie. Il crée le fonds “Aznavour en Arménie” en faveur des victimes et écrit une chanson caritative, avec Georges Karvarents, “Pour toi, l’Arménie”. En 1995, il devient ambassadeur de l’Arménie auprès de l’UNESCO, puis de l’ONU. En 2009, il est nommé ambassadeur d’Arménie en Suisse. Ici, en Arménie, l’artiste et l’homme sont la fierté de tout un peuple. Deux places portent son nom, l'une à Erevan, l'autre à Gyumri où une statue est érigée en son honneur. En 2004, il reçoit le titre de héros national de l’Arménie. En 2011, le centre Aznavour ouvre ses portes.

Ses chansons, tantôt séductrices, tantôt subversives, sont universellement reconnues. Ce soir, sa poésie réunira une nouvelle fois les Arméniens face à l’Ararat. À la mémoire d’un homme de son temps, inépuisable, trônant désormais sur sa montagne d’amour.