Réunir l’art et la science, le défi de la restauration

Arts et culture
05.05.2021

L’art et la science se croisent lorsqu’il s’agit d’une intervention du restaurateur dont l’objectif est de redonner à un objet ancien, abîmé ou endommagé, son aspect initial. Ce qui est primordial dans le métier de restauration, c’est de rester fidèle à l’artiste.

Par Lusiné Abgarian

Différents objets s’ouvrent à différentes spécialisations des restaurateurs, dont notamment un tableau, un meuble, une céramique, un monument, un livre ou un tapis. Pour découvrir les énigmes de ce métier rare, nous en avons discuté avec Garine Arakelian, une restauratrice de tableaux qui travaille actuellement dans un atelier à Paris.

Ce que notre interlocutrice tient à souligner premièrement, c’est que ce métier passionnant permet aux restaurateurs de se mettre en contact avec la peinture, souvent très ancienne, voire historique, et d’observer le fond, les matériaux et les techniques qui la constituent. Il pousse également le spécialiste à s’enfoncer dans la recherche des origines des tableaux, de leurs artistes et des lieux qu’ils auraient traversés-de leur énigme.

A la croisée de l’art et de science, « ce métier ne demande, néanmoins, pas de créativité mais plutôt des connaissances de peinture et de dessin » et en plus, il est nécessaire de « renoncer à toute intervention créative », -affirme notre interlocutrice.

En effet, le métier de restaurateur requiert une haute spécialisation tant dans peinture, que dans cette spécialité au niveau technique et scientifique, étant donné que la peinture est un objet complexe en soi. Pour se mettre au service de la conservation et de la restauration des biens culturels, il faut entreprendre une longue démarche multidisciplinaire. C’est exactement un tel parcours qu’a traversé notre restauratrice, passant par différents métiers dans les domaines de la Biologie-de la Science de la vie et de la Terre, de la Paléontologie et de l’Evolution. C’est à la suite de cette formation solide qu’elle restaure aujourd’hui des peintures à l’huile sur toile, sur bois ou sur métal, ainsi que des objets d’art peints.

En revenant sur le sujet de créativité dans ce métier, notre interlocutrice remarque que tout ajout ou enlèvement d’un élément serait perçu comme une transgression de l’intention de l’œuvre auctoriale et, en général, de la déontologie de la restauration. Le restaurateur ne doit donc, « ni supprimer, ni ajouter un élément, ni essayer d’embellir l’œuvre travaillée », - confirme Garine, en ajoutant que, malheureusement, certains restaurateurs essaient de laisser une trace de soi sur l’œuvre d’art. La restauration ne devrait donc pas « embellir » l’œuvre, mais permettre à la rendre plus lisible pour l’observateur, tout en respectant l’œuvre et l’artiste créateur, ainsi que ses droits.

Ce métier passionnant et pluridisciplinaire donne une occasion permanente de l’apprentissage, car chaque objet d’art est spécial et « présente une problématique différente ». C’est exactement cette diversité qui renvoie les réflexions des spécialistes à la recherche d’une meilleure solution pour un traitement convenable pour chaque œuvre d’art, afin de lui offrir une nouvelle vie.