Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg a bouclé hier à Erevan sa visite de trois jours aux trois pays du Sud-Caucase.
Par Olivier Merlet
Jens Stoltenberg a rencontré le 19 mars le Premier ministre Nikol Pashinyan ainsi que le président de la République, Vahagn Khatchaturyan. Son rendez-vous avec le Premier ministre s'est déroulé en deux temps, un entretien privé tout d'abord, au cours duquel les interlocuteurs ont notamment discuté des questions liées au processus de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Jens Stoltenberg était à Bakou dimanche et lundi pour y rencontrer Ilham Aliyev ainsi que ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense.
Rejoignant leurs équipes respectives, Nikol Pashinyan et Jens Stoltenberg ont ensuite échangés sur le renforcement des liens de l'Arménie avec l'Alliance Atlantique. « Votre délégation compte de nombreuses personnes familières qui visitent régulièrement la République d'Arménie, nous leur fournissons des informations fraîches, ils nous fournissent des informations fraîches sur les questions et politiques actuelles » a déclaré le Premier ministre, « bien entendu, nous souhaitons approfondir la coopération avec l'OTAN et j'espère que le programme de partenariat sur mesure ("ITPP*", NDLR) pour l'Arménie sera adopté le plus rapidement possible ».
Louant les efforts personnels de Nikol Pashinyan pour « développer une politique étrangère plus indépendante » et rappelant le soutien de son organisation à la souveraineté et à l'integrité territoriale de l'Arménie, Jens Stoltenberg a espéré de même « pouvoir désormais approfondir et renforcer davantage [cette] coopération ». Se référant à la fourniture d'aide humanitaire à l'Ukraine, le secrétaire général de l'OTAN a également ajouté qu'il invitait « tous les partenaires à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que Poutine ne gagne pas sa guerre d'agression ».
Interrogé plus précisément par Factor TV sur la nature que pourrait revêtir cette coopération renforcée avec l'Arménie, voire de son adhésion au Traité de l'Atlantique Nord, son secrétaire général a souligné que la décision en incombait d’abord à l’Arménie elle-même. « Tout pays, y compris l’Arménie, a le droit de choisir sa propre voie. [..] L’Arménie devrait décider si elle souhaite faire partie d’une initiative ou d’une organisation militaire ou sécuritaire. L'OTAN respecte sa décision et bien sûr, nous appelons également la Russie à respecter toute décision souveraine de l’Arménie, comme celle de tout autre pays. En d’autres termes », a-t-il poursuivi, « accepterons-nous ou non l’Arménie comme membre ? L'Arménie devrait décider.”
Évoquant les exemples du Monténégro, de la Macédoine du Nord et tout dernièrement de la Finlande et de la Suède, Jens Stoltenberg a affirmé “ la porte est donc ouverte. Il s’agit d’un choix et d’une décision libres, équitables et démocratiques. Tant que l'Arménie ne postulera pas à l'adhésion, nous sommes prêts à faire davantage en tant que partenaire, pas encore en tant qu'allié. Nous sommes convaincus que l'OTAN sera également en mesure de renforcer considérablement vos structures de défense. Du déminage à d’autres domaines de la défense, nous avons largement coopéré avec l’Arménie. Nous poursuivrons cette coopération, nous essaierons de comprendre ce que nous pouvons faire d’autre avec l’Arménie “.
ITPP : L'OTAN a mis au point un certain nombre d'outils et de mécanismes de partenariat pour soutenir la coopération avec les pays partenaires par le biais d'un ensemble de politiques, de programmes, de plans d'action et d'autres arrangements. De nombreux outils sont axés sur les grandes priorités que sont l'interopérabilité et le renforcement des capacités, ainsi que le soutien aux réformes liées à la défense et à la sécurité.
L'ITPP ("Individual Tailored Partnership Program" ou programme de partenariat individuel "sur mesure") est un document décrivant la coopération entre l'OTAN et ses pays partenaires. Il remplace le Programme individuel de partenariat et de coopération (IPCP), renouvelable comme lui et juridiquement non-contraignant. Alors que les IPCP présentaient principalement des principes et des domaines de coopération, laissant à l'OTAN et à ses partenaires une grande marge de manœuvre pour décider ultérieurement de la manière de coopérer réellement, les ITPP couvrent des plans de coopération complets et concrets sur une période de quatre ans. Les ITPP représentent donc un engagement plus fort et plus responsable de la part de l'OTAN et des pays partenaires en faveur d'un processus de mise en œuvre.