Vers une Union sacrée pour l'existence de l'Arménie ?

Actualité
23.09.2022

Alors que le Premier ministre s'adressait depuis New-York à la tribune des Nations-Unies pour réclamer l'assistance de la communauté internationale, Levon Ter Petrosyan, avait convié Robert Kocharyan et Serge Sargsyan ainsi que Bako Sahakyan et Arkadi Ghukasyan, troisième et quatrième présidents de la république d'Artsakh, à venir le rejoindre à la résidence pontificale de Veharan à Etchmiadzine. Ils devaient discuter, avec la participation du Catholicos de tous les Arméniens, Garegin II, des évènements tragiques qui secouent le pays et peut-être tenter d'y apporter, de l'intérieur, des réponses adéquates, consensuelles et partagées.

Par Olivier Merlet

Il était 18 heures ce jeudi 22 septembre à Etchmiadzine, lorsque les portes de la résidence pontificale de Veharan se refermaient loin des micros et caméras pour une réunion aux accents d'Union sacrée pour le devenir de l'Arménie. À l'appel du premier Président de la république d'Arménie indépendante et sous les bons auspices du Catholicos de tous les Arméniens, les anciens présidents, Levon Ter Petrosyan lui-même, Serge Sargsyan et Robert Kocharyan, Bako Sahakyan et Arkadi Ghukasyan, troisième et quatrième présidents de la république d'Artsakh, prédécesseurs de l'actuel chef de l'État du Haut-Karabakh ainsi que Sa Sainteté Garegin II, ont discutés durant près de trois heures de la crise et des périls qu'affronte actuellement l'Arménie.

On ne sait malheureusement rien du détail de ces discussions, le communiqué qui s'en est suivi, diffusé par le Saint-Siège est laconique : « Une discussion intéressante a eu lieu concernant la situation créée en Arménie. Décision a été prise de poursuivre les réunions »

Le 18 septembre dernier, cinq jours après le déclenchement des hostilités par l'Azerbaïdjan sur le territoire arménien, le Premier Président de la république, Levon Ter-Petrosyan recevait le Catholicos Garegin II dans sa résidence privée. Les deux hommes avaient discuté des problèmes liés à la fois à la sécurité et à la situation politique extrêmement grave de l'Arménie et des moyens possibles de les surmonter. Deux jours plus tard, c'était au tour d'Harayik Harutyunyan, président en exercice de la république autoproclamée du Haut Karabakh, de s'entretenir avec le fondateur de l'Arménie indépendante, échangeant avec lui sur les mêmes sujets. On se doute que les entretiens de Veharan ont au moins permis d'élargir les consultations à ce propos.

À l'approche des élections législatives de juin 2021, Levon Ter-Petrosian avait proposé aux deux autres ex-présidents, Robert Kocharyan et Serge Sargsyan de mettre en place une alliance électorale destinée à offrir une alternative à la gestion par Nikol Pashinyan de la crise terrible dans laquelle est plongée l'Arménie depuis la fin de la guerre de l'automne 2020. Il aura encore fallu attendre plus d'un an et la situation catastrophique, voire désespérée, dans laquelle elle se retrouve aujourd'hui pour qu'enfin, les leaders politiques marquants de ces 30 dernières années en Arménie et au Karabakh passent outre leurs rivalités et inimitiés profondes et participent à une concertation que beaucoup attendent et que l'on espère éclairée.

« Lorsque l'avenir de ma nation et de mon État est menacé, je ne peux pas rester les bras croisés et je frapperai à n'importe quelle porte ». Levon Ter Petrosyan - 12 février 2015