Trois policiers armeniens tués dans un guet-apens azéri près de Stepanakert

Actualité
06.03.2023

Trois officiers de police du département des passeports et visas du ministère de l'Intérieur du Haut-Karabagh ont été tués dimanche lors d'un raid de militaires azerbaïdjanais. On craint que cette provocation majeure ne conduise à une nouvelle escalade.

Par Olivier Merlet

 

Dimanche 5 mars en milieu de matinée, un véhicule de service du ministère de l'intérieur du Karabagh avec à son bord quatre policiers arméniens du département des passeports et visas s'est retrouvé pris en embuscade par un commando azerbaïdjanais. Ce dernier, prenant pour cible le véhicule a ouvert le feu sur la fourgonnette et ses occupants tuant trois officiers arméniens et blessant gravement un quatrième. Il a été transféré et opéré au Centre médical républicain du ministère de la Santé de la République d'Artsakh. Son état est jugé stable, ses jours ne seraient plus en danger.

Le véhicule des policiers se trouvait à hauteur du lieu-dit de "Khaïpalu", une zone boisée du district de Krkzhan à trois kilomètres à peine de Stepanakert, sur une piste forestière menant au village de Lizagor, parallèle à l'axe Stepanakert – Latchine – Goris ("corridor" de Latchine). Les circonstances exactes et le déroulement de l'attaque sont encore peu claires, bien qu'une vidéo rendue publique par les autorités du Karabagh semble clairement mettre en évidence l'agression délibérée d'un petit groupe de soldats azéris accompagnés d'un chien. , les autorités du Karabagh ayant toutefois rendu publique des images de vidéo surveillance semblant mettre clairement en évidence l'agression délibérée d'un petit groupe de soldats azéris.

Suite à l'attaque, des unités arméniennes ont rapidement lancé une réplique contre les assaillants, deux des agresseurs azéris ont été tués. Selon le ministère azerbaïdjanais de la Défense qui a reconnu ces pertes, le véhicule arménien pris à parti aurait servi au transport d'armes à destination des forces de défense du Karabagh. L'affirmation a bien sûr été vivement et fermement démenties par les autorités de Stepanakert de même que par le ministère des Affaires étrangères d'Arménie qui a publié à ce sujet un long communiqué.

« La version officielle des événements avancée par l'Azerbaïdjan est absurde : elle n'a ni ne peut présenter aucun fait ni justification à l'appui de cette version ». Rappelant le contexte dans lequel s'est produit l'évènement, moins de deux semaines après le rejet par la Cour de Justice internationale de l'ONU des allégations de l'Azerbaïdjan sur les prétendues poses de mines et livraisons d'armes au Karabagh, la diplomatie d'Erevan rappelle que Bakou ne s'est toujours pas conformée aux décisions de la CJI sur la levée du blocage du corridor de Latchine et « continue de terroriser les Arméniens d'Artsakh en créant des conditions de vie inhumaines dans leur patrie dans le but ultime de nettoyage ethnique. […] Le 28 février, les forces armées azerbaïdjanaises ont ouvert le feu sur un habitant du village de Myurishen, région de Martuni en Artsakh, qui effectuait des travaux agricoles. Le cessez-le-feu a également été violé par les forces armées azerbaïdjanaises le 2 mars et dans la nuit suivanmte dans les régions d'Askeran, de Martakert et de Martuni, sous contrôle azerbaïdjanais ».
Arguant du déni de la sincérité de Bakou concernant l'établissement de la paix et de la stabilité dans la région, les autorités arméniennes appellent une nouvelle fois la communauté internationale « à prendre des mesures actives pour assurer les droits et la sécurité de la population du Haut-Karabakh. […] Dans les circonstances actuelles, l'envoi d'une mission internationale d'enquête dans le corridor de Latchine et le Haut-Karabakh devient une nécessité vitale ».