Quelques heures après avoir remis ses lettres de créances, le nouvel ambassadeur de France en Arménie renvoie dans ses abattis son homologue zélateur azerbaïdjanais, celui-ci reprochait à la France de soutenir l'Arménie.
Par Olivier Merlet
« Monsieur l'Ambassadeur, je vous invite à rendre visite à la Cour internationale de justice, qui a son siège à La Haye, tout près de votre Ambassade ».
Moins de vingt-quatre heures après avoir remis ses lettres de créance au président de la République d'Arménie, Olivier Decottignies, le nouvel ambassadeur de France à Erevan, décochait un tweet bien senti à l'intention de Rahman Mustafayev, ambassadeur d'Azerbaïdjan aux Pays-Bas. D'un même élan, celui-ci accusait en effet la France et l'Arménie - la première soutenant l'autre, disait-il - de « refus obstiné de reconnaître l’intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan ».
Il faut dire que le représentant de Bakou à la Haye est coutumier de la polémique. Détracteur juré de l'Arménie, propagandiste émérite et réputé du régime Aliyev, Rahman Mustafayev, est l'une des chevilles ouvrières de la diplomatie du caviar en Europe. C'est lui, alors ambassadeur à Paris, qui avait organisé le fameux diner-débat du 9 novembre 2021 à l'ambassade d'Azerbaïdjan intitulé " Le Karabakh à l’heure de la paix : espoir et défis. Quel rôle pour la France ?" # Victory day", au cours duquel s'était retrouvée piégée la députée des Français de l'étranger pour le Caucase, Anne Genetet.
Pour en revenir à ce nouvel ambassadeur qui préside désormais à la diplomatie française au quotidien en Arménie et au Sud-Caucase, le Quai d'Orsay semble avoir choisi sinon un homme d'action, l'avenir le démontrera et tout le laisse supposer, mais clairement un spécialiste des terrains difficiles et des questions stratégiques et politiques parmi les plus délicate.
Reçu au concours externe pour l'emploi de conseiller des Affaires étrangères en 2009, cet historien de formation – ancien Normalien, titulaire d'une maîtrise de l'École des Hautes études en Sciences sociales de Paris (EHESS) et d'une seconde en Affaires publiques de Sciences Po Paris – démarre sa carrière diplomatique en Haïti dans le cadre des premiers secours après le tremblement de terre de 2010. De retour à Paris, il travaille sur les questions politico-militaires ayant trait aux opérations de l'OTAN et de l'Union européenne en Libye, dans les Balkans et dans le Caucase. Son premier poste en chancellerie c'est en Iran qu'il l'obtient; en 2012, nommé second conseiller à l'Ambassade de France, en charge du suivi de deux dossiers ultra-sensibles, ceux du nucléaire iranien et des politiques régionales de la République islamique. Depuis le 1er juillet 2019, il servait en tant que consul général de France à Erbil, au Kurdistan irakien, son dernier poste avant l'Arménie
Olivier Decottignies est entré en fonction officielle à Erevan le 21 juillet. Sa nomination coïncide avec un moment d'actualité bien particuliers, en pleine crise et catastrophe humanitaire au Karabagh alors que se poursuivent les pourparlers de paix avec l'Azerbaïdjan.