Le 16 mai, le Conseil de l'Organisation du Traité de Sécurité Collective (CSTO) réunissait à Moscou ses membres signataires pour marquer un double jubilé, les trente ans de la signature du traité et le vingtième anniversaire de l'Organisation. Nikol Pashinyan a clairement exprimé les attentes legitimes de l'Arménie.
Par Olivier Merlet
Le Premier ministre arménien qui en assure la présidence tournante jusqu’à la fin de cette année est revenu sur les résultats accomplis ces vingt dernières années par l'organisation de défense qui constitue un « facteur clé pour assurer la sécurité et la stabilité dans la région ». Évoquant « l'importance de la coopération entre ses états membres » précédemment soulignée le président biélorusse Alexandre Loukachenko, Nikol Pashinyan a cependant fait remarquer qu'il constatait une certaine tension au sein de la zone de responsabilité de l'OTSC.
Il a d'abord évoqué les disfonctionnements réguliers du système de scrutin des États membres de l'Organisation, mais il est surtout revenu sur ses mécanismes de partenariat et de réaction rapide. « Comme vous le savez, l'année dernière à la même époque, les troupes azerbaïdjanaises ont envahi le territoire souverain de l'Arménie et l'Arménie a demandé à l'OTSC de mettre en œuvre les mécanismes prévus par les procédures de réponse aux situations de crise de l'OTSC », a déclaré le Premier ministre, « nous ne pouvons pas dire que l'Organisation a réagi comme la République d'Arménie l'aurait souhaité. »
Enfin, s'adressant à mots à peine couverts au président Loukachenko, Nikol Pashinyan a clairement reproché la fourniture d'armes par certains membres de l'Organisation de défense collective à des pays hostiles à l'Arménie. « Depuis longtemps, nous soulevons la question de la vente d'armes par les États membres de l'OTSC à des pays qui ne sont pas amis avec l'Arménie », a-t-il rappelé, « Ces armes ont été utilisées contre l'Arménie et le peuple arménien. […] La réaction des États membres de l'OTSC pendant et après la guerre la guerre de 44 jours en 2020 n'a pas été si encourageante pour la République d'Arménie et pour le peuple arménien. »
Nikol Pashinyan a toutefois réaffirmé le soutien et l'engagement de l'Arménie « à poursuivre le développement de l'Organisation, [ …] pour assurer la sécurité et la stabilité dans la région eurasienne et en République d'Arménie. »
La visite officielle du Premier ministre arménien s'est poursuivie en fin de journée par un entretien privé avec le président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine, au cours duquel les deux hommes se sont félicités de l'intensité et de la fréquence de leur dialogue. « Nous sommes en contact permanent et avons souvent des conversations téléphoniques » a noté Nikol Pashinyan à l'intention du chef de l'État de Russie, tout en le remerciant pour cette réunion. Souhaitant discuter « des questions liées à la sécurité régionale, à la stabilité, au règlement du conflit du Haut-Karabagh, ainsi qu'au rôle important du groupe de Minsk de l'OSCE, j'aimerais partager certaines informations avec vous », rapporte le communiqué officiel du cabinet du Premier ministre, citant ses propos.