Après le rendez-vous des dirigeants arméniens, azerbaïdjanais et russes à Moscou la semaine dernière, celui de Chisinau sous les auspices européens le 1er juin ne semble avoir abouti qu'au même résultat : la promesse de se revoir.
Par Olivier Merlet
Ni déclaration commune, ni signature bien évidemment, ni rien du tout! Malgré les efforts conjugués des chefs de l'État français et allemand, du président de conseil de l'Europe et les étranges "encouragements" américains - plutôt contreproductifs en ce qui concerne ces derniers, il est vrai -, rien n'y a fait : la rencontre de Chisinau n'a pas démenti ce qu'en pressentaient les observateurs, à savoir sa vacuité.
Pour sauver les apparences, néanmoins, Paris et Bruxelles y sont allés de leur communiqués respectifs, appelant à s'abstenir « de toute rhétorique hostile et continuer les efforts » pour la première, à se revoir encore une fois le 21 juillet dans la capitale européenne pour la deuxième. L'Élysée a toutefois souligné que « les dirigeants européens ont appelé l'Arménie et l'Azerbaïdjan à respecter tous leurs engagements, notamment celui de libérer les détenus de guerre dans les plus brefs délais, rappelé l'importance de la contribution de la mission de monitoring en faveur de l'Arménie de l'Union européenne et l'importance de définir des droits et garanties pour les Arméniens du Haut-Karabakh ».
Les entretiens clos, le Premier ministre arménien a rencontré des représentants de la communauté arménienne de Moldavie réunis pour l'occasion au palais de Manuk Bey, bâtiment remarquable du XIXe construit par le fils d'un richissime diplomate et négociant bienfaiteur d'origine arménienne.
« D'une façon générale, je considère la discussion de ce jour comme utile », a estimé Nikol Pashinyan. Précisant ses déclarations passées, il a évoqué un accord convenu avec l'Azerbaïdjan de se référer aux cartes soviétiques de 1975 comme base des travaux de démarcation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. « Une autre étape pour réaffirmer l'intégrité territoriale de 29 800 km2 et l'intégrité territoriale de 86 600 km2. Une base approximative, pas exacte, mais une base » , a souligné le Premier ministre. Concernant les voies de communication régionales, il a redit la disposition de l'Arménie à les ouvrir dès que seraient confirmés sa souveraineté et sa juridiction sur leur trafic.
« Bien sûr, nous avons également discuté de questions liées aux prisonniers et aux personnes disparues ainsi que d'autres questions humanitaires. En outre, une discussion détaillée a eu lieu sur le dialogue et les négociations concernant les droits et la sécurité des Arméniens du Haut-Karabagh. Nos partenaires européens ont d'ailleurs également exprimé certaines positions », a encore précisé Nikol Pashinyan, avant de revenir sur ses récents propos controversés au sujet d'un "enregistrement au cadastre" pour l'Arménie. « Je veux dire que je veux vraiment obtenir un résultat en tant que Premier ministre de laisser à nos générations futures un certificat complet de la République d'Arménie».
En attendant, l'agenda de la suite des pourparlers est d'ores et déjà connue : une nouvelle réunion tripartite entre les chefs d'État azerbaïdjanais et arméniens -et Charles Michel - a été fixée au 21 juillet à Bruxelles. Leur ministre des Affaires devraient se retrouver à Washington dans dix jours; le 12 juin; pour un deuxième round des négociations, moins de deux mois après leur premier rendez-vous. Enfin, le 5 octobre, dans le cadre du prochain et troisième sommet de la Communauté politique européenne à Grenade en Espagne, une nouvelle réunion à cinq est prévue entre l'Arménie, l'Azerbaïdjan, l'Allemagne, la France et Conseil européen.
Ce 2 juin, comme annoncé la semaine dernière, les vice-premiers ministres, d'Arménie, d'Azerbaïdjan et de Russie se sont retrouvés à Moscou pour discuter, selon ce dernier, « des détails techniques liés à la procédure de franchissement de la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie ».
