Les ministres des Affaires étrangères arménien, Ararat Mirzoyan, et azerbaidjanais, Jeyhun Bayramov, ont entamé, hier soir à Genève, les négociations d'un traité de paix entre les deux pays.
Par Olivier Merlet
Il était un peu plus de 21 heures en Arménie, dimanche 2 octobre, lorsque les deux délégations, arménienne et azerbaidjanaise, se sont retirées dans une suite de l'hôtel Intercontinental de Genève, rideaux tirés, à quelques pas du siège des Nations Unies.
Auparavant, tout au long de l'aprés-midi, Ararat Mirrzoyan s'était successivement entretenu avec tous les représentants des instances étrangères - non russes - impliquées ou concernées dans le processus de règlement du conflit entre les deux voisins de Transcaucasie. Accueilli par le représentant permanent à Genève auprès des Nations Unies Juerg Lauber, le chef de la diplomatie arménienne s'est ensuite entretenu avec Toïvo Klaar, le représentant spécial de l'Union Européenne pour le Caucase du Sud, avant de rencontrer tour à tour les co-présidents américain et français du Groupe de Minsk de l'OSCE, Philip Reeker et Brice Roquefeuil.
À chacun de ses interlocuteurs, Ararat Mirzoyan a présenté les détails et conséquences de l'agression militaire de l'Azerbaïdjan sur le territoire de l'Arménie les 13 et 14 septembre dernier. Il a répété les exigences de la partie arménienne quant à la normalisation de ses relations avec l'Azerbaïdjan et au règlement du conflit du Haut-Karabakh : retrait immédiat des forces armées azerbaïdjanaises des territoires souverains de la République d'Arménie, rapatriement immédiat des prisonniers de guerre détenus illégalement en Azerbaïdjan, maintien inconditionnel du régime de cessez-le-feu.
Par ailleurs, s'exprimant au sujet de la vidéo circulant largement depuis hier matin sur les réseaux sociaux et montrant l'exécution sommaire et sauvage de prisonniers de guerre arméniens par des soldats azerbaidjanais, le ministre arménien des Affaires étrangères a réclamé à ses interlocuteurs la condamnation claire par la communauté internationale des crimes de guerre commis par l'armée de Bakou. Ararat Mirzoyan a assuré que le gouvernement auquel il appartient mettra tout en œuvre pour traduire en justice leurs auteurs.
Ce dernier point et tous les autres, selon le ministère arménien des Affaires étrangères, ont été clairement évoqués et défendus par son responsable lors des négociations proprement dites avec Jeyhun Bayramov. Ce dernier, selon Bakou, « a attiré l'attention de la partie arménienne sur les éléments du traité de paix basé sur les cinq principes proposés par l'Azerbaïdjan ». Pour Erevan, « le traité de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan doit garantir les droits et les garanties de sécurité pour les Arméniens du Haut-Karabakh, notamment par la mise en place d'un mécanisme de discussion entre Stepanakert et Bakou ».
Au cours de cette première d'une série de discussions que l'on suppose longues et âpres, les parties seraient convenus d'avancer le calendrier de la commission bilatérale sur la démarcation des frontières qui devrait tenir sa prochaine réunion dans le courant de ce mois, et non en novembre comme il était prévu.
«Les parties ont évalué positivement la compréhension mutuelle sur le déblocage des routes de transport régionales sous la souveraineté et la juridiction des pays», conclut le communique du ministère arménien des Affaires étrangères.