Ce soir, lundi 27 juin à 20 heures (heure d'Arménie), le Premier ministre Nikol Pashinyan donnera une conférence de presse "publique" retransmise en direct sur Facebook. De nombreux médias annoncent leur boycott de l'événement.
Par Olivier Merlet
The Armenian Times (Haykakan Jamanak), le journal fondé par Nikol Pashinyan, annonçait vendredi la conférence de presse ce lundi du Premier Ministre sur Facebook. Confirmé par son cabinet dans la journée de dimanche puis par un post sur sa page personnelle, l'exercice, facette originale et quelque peu populiste de son discours, était devenu l'un des classiques préférés de sa communication. Depuis la fin de la guerre cependant, Nikol Pashinyan avait opté pour une certaine réserve vis à vis de ce type d'intervention. La dernière, le 24 janvier, en l'absence de tout journaliste hormis celle de sa présentatrice de la télévision publique, Tatev Danielyan, n'avait autorisé la moindre question en direct.
Il en sera de même pour la séquence de ce soir : mêmes acteurs, même formule, les questions des médias, des organisations non gouvernementales et du public devaient être adressées ce jour avant midi au service de presse du Premier ministre (press@gov.am).
De nombreux médias et non des moindres, "Azatutyun" par exemple, que l'on ne pourrait soupçonner, si ce n'est le cas de certains autres, de soutien aux groupes d'opposition politique nationale, s'insurgent contre ces méthodes bien peu transparentes et déclarent boycotter l'évènement. Une pétition déposée en ligne indique : « Par conséquent [NDLR : de par ces méthodes], la capacité du public à obtenir des informations correctes est essentiellement limitée. Nous estimons que cette forme d'interaction avec les médias par le dirigeant du pays est discriminatoire, inefficace et contraire aux principes fondamentaux de la démocratie, de la transparence et de la responsabilité. Nous demandons instamment au Premier ministre Pashinyan de revenir à la pratique de la libre communication avec les médias ».
Contactée par téléphone ce matin, Shushan Doydoyan, présidente de la FOICA, le centre arménien pour la Liberté de l'information en Arménie, précise que la pétition a été largement diffusée par mail aux organes de presse du pays. Elle rassemble d'ores et déjà plus d'une vingtaine de signataires. L'avocate-journaliste déplore également une parole gouvernementale devenue rare et arrangée à l'intention de la société civile. En 2018, l'année de son élection, Nikol Pashinyan avait participé à six conférences de presse majeures et libres, 17 en 2019 sous forme de rendez-vous publics Facebook réellement en direct, 34 en 2020 mais seulement 5 l'année suivante, au lendemain de la guerre. L'interview de ce soir, préalablement préparée, est la troisième de ce type.
Le Courrier d'Erevan s'associe aux signataires de la pétition.