Arayik Harutyunyan met fin à ses fonctions de président d'Artsakh, ses principaux collaborateurs le suivent

Actualité
01.09.2023

Légitimement élu le 21 avril 2021, à peine cinq mois avant le déclenchement de la guerre des 44 jours, Arayik Harutyunyan, cinquième président de la République du Haut-Karabagh a mis fin à ses fonctions. Il devrait en faire l'annonce officielle dans le courant de ce vendredi 1er septembre.

Par Olivier Merlet

 

La nouvelle avait déjà courue début août avant d'être vite étouffée. C'est désormais acquis, dans un communiqué diffusé aux médias et sur les réseaux sociaux le 31 août, le cinquième président d'Artsakh a annoncé qu'il mettait fin à ses fonctions à compter de ce 1er septembre.

Dans son message, Arayik Harutyunyan, constate et tire les conséquences l'impuissance de son gouvernement, de la communauté internationale et des plus hautes instances de la justice internationale à infléchir la « le comportement agressif de l'Azerbaïdjan » à l'égard du peuple du Karabagh. « […] La situation géopolitique instable actuelle dans le monde, les événements régionaux et les développements prévus, les phénomènes qui se produisent dans et autour de l'Artsakh, son atmosphère politique et sociale interne suggèrent directement qu'il est nécessaire de changer d'approche et de mesures, de faire preuve de flexibilité. Pour parvenir à ce qui précède, il est nécessaire de changer les principaux acteurs en Artsakh, à commencer par moi.

[…] Demain, je présenterai ma démission du poste de Président de la République d'Artsakh au peuple et à l'Assemblée nationale de la République d'Artsakh. J'ai pris cette décision finale il y a deux jours, en tenant compte de mes interactions avec tous les acteurs internes et externes et le grand public ces dernières semaines. Il s’agit d’une décision réfléchie prise uniquement par moi sur la base des résultats de l’analyse des données dont je dispose ».

Juste avant qu'il ne fasse part de sa décision, le président encore en exercice signait un ultime décret par lequel il nommait Samvel Shahramanyan "ministre d'Etat aux pouvoirs étendus" en remplacement de Gurgen Nersisyan, faisant ainsi du secrétaire du Conseil de sécurité, le deuxième personnage du gouvernement artsakhiote. Dans la foulée de ces déclarations, Artak Beglaryan, sans doute le plus proche conseiller d'Arayik Harutyunyan et personnalité très appréciée de l'opinion publique, tant au Karabagh qu'en Arménie, a également démissionné de son poste de ministre d'État.

Coincidence ? Moscou de son côté annonçait dans le même temps la nomination du général de division Kiril Koulakov au commandement des troupes russes de maintien de la paix. Son prédécesseur, Alexandre Lentsov n'occupait ce poste que depuis quatre petits mois.

Pour mémoire, le 7 août dernier, Davit Ishkhanyan, membre de l'ARF-Dashnakutyun avait été élu au scrutin secret, président de l'assemblée nationale par 22 voix contre 9. Sa candidature, d'après le député arménien Gegham Manukyan;  avait été portée par Arayik Harutyunyan lui-même et ses deux prédécesseurs, Arkadi Ghukasyan et Bako Sahakyan, sur promesse de son retrait en cas de désaccord avec le parti dirigeant. Davit Ishkhanyan et Samvel Shahramanyan concentreront désormais tous les pouvoirs administratifs en Arstakh.

Accueillis de manière controversée en Arménie, la démission d'Arayik Harytyunyan, selon de nombreux observateurs, ne relèveraient pas de sa seule et libre décision, malgré les propos de ce dernier: Ils affirment également que dans le contexte incertain autour de l’Artsakh, ces démissions et changements en série portent directement atteinte à l’institution présidentielle en général. Certaines  personnalités de la scène politique du Karabagh; même parmi les détracteurs du désormais ex-président; évoquent de leur côté les pressions de Bakou, relayées et mises en œuvre localement, les accusations sont graves, par d'anciens responsables gouvernementaux sous influence russe.