Nuit du droit 2025 : l’Université Française en Arménie mise sur l’intelligence artificielle

UFAR-ի հատուկ հավելված
06.10.2025

Pour la cinquième année consécutive, l’Université Française en Arménie (UFAR) fait partie des lieux où s’organise la Nuit du droit. Cette initiative, française, réunit chaque année au début du mois d’octobre étudiants et professionnels du droit autour de questionnements thématiques. Le thème choisi pour cette année, l’intelligence artificielle (IA), est une occasion pour l’UFAR de faire valoir son savoir-faire et ses ambitions.

 

Par Marius Heinisch 

Vie nocturne à l’UFAR

Dix-neuf heures sont passées, jeudi 02 octobre. Déserts, les couloirs de l’UFAR contrastent avec le trop plein dans la salle de conférence qui accueille l’événement. Depuis cinq ans, l’Arménie s’est arrimée, via l’UFAR, à la Nuit du droit, initiative lancée en 2017 par le Conseil Constitutionnel français. Elle paie aujourd’hui la rançon de son succès, en cantonnant quelques étudiants surnuméraires dans l’encadrement des portes, d’où ils suivront les interventions, faute d’être arrivés suffisamment en avance. Un groupe de jeunes femmes le confesse, elles ne sont pas juristes : “nous sommes venues par curiosité, l’université a invité tous ses étudiants.” Elles expliquent que, durant les deux heures qui ont précédé le début des conférences, des étudiants dispensaient gratuitement des conseils juridiques, sous la houlette de quelques juristes professionnels.

Avant même son commencement, et malgré l’ambiance légère de bavardage, l’importance accordée à l’événement se fait sentir. Plusieurs jeunes hommes arborent solennellement le costume-cravate. Plusieurs photographes, professionnels comme étudiants, cherchent le meilleur angle pour leur prise de vue.

La prise de parole de la Rectrice Salwa Nacouzi ouvre le premier panel. Devant un parterre majoritairement composé d’étudiants en droit de l’UFAR, elle introduit d’emblée le thème du soir comme un problème à résoudre : au moyen de quels outils juridiques encadrer l’intelligence artificielle ? Toute la difficulté, explique la rectrice, tient dans ce que “le droit a une double-mission : protéger les libertés fondamentales et accompagner l’innovation.” 

 

 

A sa suite, M. Xavier Richard, conseiller de coopération et d’action culturelle à l’Ambassade de France en Arménie, rappelle aussi que l’IA, souvent présentée comme un danger pour les emplois, la qualité de l’information ou le niveau d’éducation, est aussi un territoire encore largement inexploré par les outils du droit. Il s’adresse aux “ufariens” face à lui comme à des futurs acteurs de premier plan de la vie juridique arménienne : c’est à eux qu’il incombera de trancher juridiquement les grandes questions sur l’utilisation de l’IA, insistant sur les deux dimensions juridique et technique de ce défi. Dans un autre registre, il se réjouit de compter l’UFAR parmi les 220 lieux dans lesquels aura lieu, en France et ailleurs, la Nuit du droit cette année.

 

Faire de l’IA une signature “ufarienne”

Car à l’UFAR, on s’inquiète de l’IA autant qu’on la valorise. Alors même qu’elle vient d’ouvrir un tout nouveau parcours en intelligence artificielle, l’université prévoit d’intégrer progressivement son enseignement dans chacun de ses cursus. L’enjeu est donc, pour les différents intervenants, d’élaborer une pensée nuancée sur le thème du soir, soucieuse de son encadrement sans pour autant la craindre ni la rejeter. Le panel réuni est large, il inclut des universitaires spécialistes de l’IA dans son versant technique comme juridique tels que Simon Simonyan, ainsi que des praticiens du droit, à l’instar d’un juge arménien au pénal.

 

 

Le thème de l’intelligence artificielle, déjà mobilisé dans les discours des officiels de l’UFAR lors de la remise des diplômes à la promotion 2025 mi-septembre, n’a donc pas été choisi au hasard. entend bien faire de son avance en matière d’IA une arme pour sa communication. Elle est en effet la seule en Arménie à proposer, sur ce thème, une approche pluridisciplinaire. Symbole, aussi, que la principale ressource d’une petite république enclavée comme l’Arménie se trouve dans l’esprit de ses jeunes personnes.