La session ordinaire du Conseil des chefs des services spéciaux des pays de la CEI s'est déroulée le 4 octobre à Astana. Dans son discours, le chef du Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie, Alexandre Bortnikov, a déclaré que l'Occident tentait d'obtenir de l'Arménie son départ de l'OTSC, ce qui rendrait Erevan plus dépendant de l'OTAN en termes de relations futures avec Bakou…
Vahram Atanesyan est journaliste et ancien député d'Artsakh où il occupait les fonctions de président de la commission permanente des Affaires étrangères. Sa tribune est parue le 4 octobre dans le journal "Arrajin", détenu par Arman Babajanyan, ancien député d'"Arménie lumineuse", privé de siège en 2021 et actuel président du parti "Pour la République".
« Alexandre Bortnikov a "dévoilé" le projet de l'Occident qui entend diriger le processus de règlement arméno-azerbaïdjanais et parvenir au déploiement de ses propres forces de maintien de la paix dans la région, de jure, sous les auspices des Nations Unies, en fait de l'OTAN.
Il a également de nouveau accusé la mission civile d'observation de l'Union européenne à la frontière arméno-azerbaïdjanaise d'effectuer des opérations de renseignement au profit d'un pays membre de l'OTAN spécifique, au détriment de la Russie et de ses partenaires. Bortnikov a critiqué l'Arménie pour avoir, sous l'influence de l'Occident, retardé les négociations avec l'Azerbaïdjan.
Des sources bien informées de l'agence "Turan" de Bakou ont rapporté que les 2 et 3 octobre, le directeur du Service russe de renseignement extérieur, Sergeï Narychkine, a discuté de « la question d'empêcher la préparation d'opérations multi-vecteurs contre l'ordre étatique des deux pays » avec le chef des services spéciaux de l'Azerbaïdjan à Bakou.
Le directeur du FSB de la Fédération de Russie, Bortnikov, a en fait révélé de quoi il s'agissait : la Russie cible ouvertement l’Arménie. Il ressort clairement de son discours que les déclarations du président de l'Azerbaïdjan et d'autres responsables clés sur le choix de l'Occident par l'Arménie pour la fourniture de son armement, ainsi que les menaces régionales qui en découlent, ont en réalité été formulées à Moscou.
On peut affirmer avec certitude que les 18 et 19 août, le président russe Poutine a effectué une "visite de crise" à Bakou, afin de contrecarrer l'initiative américaine de signer un document de règlement du conflit arméno-azerbaïdjanais avant la COP29. Le durcissement de la rhétorique d'Aliyev, sa répétition et l'ajout de « conditions préalables » absurdes prouvent que la signature de l'accord bilatéral Arménie-Azerbaïdjan a échoué, et que l'acteur principal est Vladimir Poutine.
Dans un mois auront lieu aux États-Unis des élections présidentielles dont l’issue est extrêmement difficile à prévoir. Des propos extrêmement durs du directeur du FSB de la Fédération de Russie à l'égard de l'Arménie, on peut conclure que Moscou n'attendra probablement pas la formation d'une nouvelle administration à Washington.
Il semble que la Russie choisira la même approche qu’en Ukraine : créer une « situation irréversible sur le terrain » et s’asseoir à la « table commerciale » politique à partir de cette position. Récemment, le Nakhitchevan a été présenté comme une zone de « violation du cessez-le-feu » par l'Arménie, où les forces armées azerbaïdjanaises mènent des exercices militaires presque chaque semaine.
Apparemment, les services spéciaux de la Russie et de l'Azerbaïdjan ont choisi le Nakhitchevan comme direction de la provocation militaire contre l'Arménie, où se croisent les intérêts géopolitiques de la Turquie et de l'Iran.
La situation approche de sa limite critique. Les menaces de Bortnikov ont été proférées alors que le Premier ministre arménien était en France, où ce dernier n'a pas exclu la possibilité d'une nouvelle escalade de la part de l'Azerbaïdjan. Bortnikov insinue-t-il que le soutien de la France n'est pas une garantie de la sécurité de l'Arménie ? »
Source : Vahram Atanesyan - Aradshin