Dénonçant des lois très répressives à l’encontre des médias, de la société civile et de la communauté LGBTQ+, et réclamant des sanctions à l'encontre de Bidzina Ivanishvili, notamment, les députés européens ont adopté une résolution le 9 octobre qui estime, par 95 voix pour, 73 contre et 86 abstentions, que le recul démocratique actuel en Géorgie met en suspens l'intégration du pays à l'Union européenne.
Bien que la Géorgie ait obtenu le statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne en décembre 2023, la résolution du Parlement souligne que le parti au pouvoir, le "Rêve géorgien", a mis en place un programme de plus en plus autoritaire.
Associées à des modifications de la législation électorale du pays et à une rhétorique anti-européenne croissante, ces lois violent la liberté d'expression, censurent les médias, imposent des restrictions aux voix critiques issues de la société civile et du secteur des ONG et discriminent les personnes vulnérables, affirment les députés.
Ils précisent également que si la législation n'est pas abrogée, les relations de la Géorgie avec l'UE ne pourront pas progresser.
Les responsables du gouvernement géorgien alimentent un climat de haine
Les députés souhaitent qu’une enquête approfondie soit menée sur les brutalités policières à l’encontre des manifestants pacifiques qui sont descendus dans la rue au printemps 2024, afin de protester contre la loi d’inspiration russe du "Rêve géorgien" qualifiant d’"agents étrangers" les médias et les organisations non gouvernementales financés par l’Occident.
Ils sont également préoccupés par le climat de haine et d’intimidation alimenté par les déclarations des représentants du gouvernement géorgien et des dirigeants politiques, ainsi que par les attaques du gouvernement contre le pluralisme politique. La résolution condamne les commentaires de l’oligarque et "président honoraire" du "Rêve géorgien", Bidzina Ivanishvili, et de personnalités du gouvernement qui menacent d’interdire les partis d’opposition et qualifient l’opposition de "force politique criminelle".
L’intégration de la Géorgie dans l’UE est effectivement suspendue
Dans un contexte de recul continu de la démocratie géorgienne, le Parlement demande le gel de tous les financements de l’Union accordés au gouvernement géorgien jusqu’à l’abrogation des lois antidémocratiques. Tout financement futur du gouvernement géorgien ne pourra être décaissé que dans des conditions strictes, affirment les députés.
Ils rappellent que le Conseil européen des 14 et 15 décembre 2023 a accordé à la Géorgie le statut de pays candidat, étant entendu que les mesures énoncées dans la recommandation de la Commission européenne du 8 novembre 2023 soient adoptées. Selon eux, la trajectoire autoritaire actuelle du gouvernement géorgien va clairement à l’encontre de cette ambition et suspend effectivement l’intégration de la Géorgie à l’UE.
Les députés estiment que les prochaines élections législatives seront décisives pour déterminer le futur développement démocratique et le choix géopolitique de la Géorgie, ainsi que sa capacité à faire avancer sa candidature à l’adhésion à l'UE. Ils exhortent les autorités géorgiennes à veiller à ce que les élections respectent les normes internationales les plus strictes et à respecter la volonté et le libre choix du peuple géorgien.
Sanctionner ceux qui menacent la démocratie géorgienne
La résolution appelle enfin l'UE et ses États membres à demander des comptes et à imposer des sanctions personnelles à toutes les personnes responsables d'atteinte à la démocratie en Géorgie, y compris Bidzina Ivanishvili.
Source : Parlement européen