Instantané statistique de l'opinion arménienne sur les questions d'actualité

Société
16.07.2024

Le cabinet MPG LLC, représentant en Arménie du collectif international (*) Gallup d'instituts de sondages a publié son dernier rapport concernant le ressenti des citoyens arméniens sur les questions d'actualité, tout à la fois attendu, surprenant et même paradoxal. Vous avez dit l'Arménie ?

Par Olivier Merlet

 

Sur un relevé d'opinions réalisé du 3 au 6 juillet sur un échantillon représentatif de 1100 personnes âgées de plus de 18 ans, 80,3 % des personnes interrogées ont témoigné de leur hostilité au projet de changement de constitution soutenu par le Premier ministre. Ils n'étaient que38,1% lors de la dernière enquête à ce sujet réalisée en début d'année. La marge d'erreur possible admise par les sondeurs tourne à plus ou moins 3%.

Ce sont les chiffres communiqués par Aram Navasardyan, le directeur du cabinet MPG lors d'une conférence de presse donnée en présence de Hrant Mikayelyan, le responsable du Centre des Études arméniennes.

11,7 % des sondés estiment par ailleurs qu'il ne serait seulement nécessaire de modifier que certaines dispositions de la Constitution, (34,2 % en janvier). Au total, seuls 3,3% des opinions émises sont favorables à l'adoption d'une nouvelle Constitution. Ils n'étaient déjà que 13,4% à partager cet avis, soit à peine plus d'un seul Arménien sur 10. L'institut MPG fait également remarquer que des répondants étaient en faveur d'un changement complet de la Constitution. 4,7% des personnes interrogées ne se sont pas prononcées ou ont estimé ne pas avoir d'opinion précise.

Autre enseignement de cette enquête menée sur les questions d'actualité, le processus de démarcation et de délimitation des frontières tel que lancé par le gouvernement cette année est évalué "négativement" par 39,4 % des sondés et "plutôt négativement" par 17,5 % d'entre eux. 21,2 % en revanche l'apprécie "plutôt positivement", 16,7 % des personnes interrogées lui apportent leur plein soutien.

Toutefois, le rapport mentionne que sur l'ensemble des citoyens qui se sont prêtés à ce relevé d'opinions 41,1 % manifestent un ressenti négatif à l'égard des actions du Premier ministre, alors qu'ils étaient 40,3 % il y a deux mois, en mai dernier. 21,7 % de la population s'estime "plutôt satisfaite" de ses mesures, 13,4 % "tout à fait satisfaite". 14,5 % sont "plutôt insatisfaits" du travail du Premier ministre.

« Cependant », a souligné le directeur de l'institut de sondage, « même avec cette évaluation, de toutes les forces politiques en présence sur la scène arménienne, la majorité des répondants se disent prêts à voter pour le parti au pouvoir, le Contrat civil ». Si des élections parlementaires avaient lieu dimanche prochain, il récupèrerait 14,4% des suffrages. Le bloc "Hayastan" totalise 3,7% des intentions de vote, le parti du sulfureux Vardan Ghukasyan, 3,5%, et "J'ai l'honneur", 2,3% ", Le charismatique révérend Bagrat Galstyan, leader du mouvement Tavush pour la Patrie et des manidfstations contre le pouvoir u printemps dernier ne semble pour l'heure convaincre qu'1,5% des sondés. 8,6% disent ne vouloir voter pour aucun des partis et candidats présentés, 7,1% ne veulent pas répondre, 22,5% estime qu'il est "difficile" de répondre, mais surtout l'énorme majorité des personnes interrogées, 32,5%, le tiers d'entre elles déclare ne pas avoir l'intention de participer au vote !

Enfin, interrogés sur la politique que l'Arménie devrait suivre sur la question de l'Artsakh, la majorité des participants à l'enquête (33,3%) ont exprimé l'opinion qu'il est nécessaire de créer des conditions décentes pour que ses ressortissants puissent rentrer chez eux. 29,5% souhaite que la question du Kharabagh soit de nouveau soulevée à l'avenir mais reconnaissent qu'il est nécessaire d'attendre des moments plus propices. 21,5% estime qu'il est nécessaire de s'efforcer de rétablir le contrôle de l'Arménie sur l'Artsakh et seulement 10,2% sont convaincus que cette page de leur histoire doit être tournée afin d'éviter de futurs problèmes.

 

(*) La Gallup International Association (GIA) est une association d'instituts de sondage basée à Zurich, en Suisse, fondée en 1947 par George H. Gallup, pionnier des techniques d'échantillonnage des enquêtes, et créateur de même du célèbre institut de sondage américain, The Gallup Organization. Les deux organismes n'ont toutefois rien à voir et ne sont liés en aucune façon, si ce n'est par un procès les opposant, justement, quant à la propriété et l'utilisation du nom Gallup.

Gallup International Association a notamment collaboré avec l'UNICEF, BBC World Service et Transparency International. Ses données ont également été reprises par The Guardian, The Economist, Reuters, etc.