Convoqué en session extraordinaire le 7 février, le conseil municipal d'Erevan a démis de ses fonctions de conseiller le principal opposant du parti au pouvoir à la mairie.
Par Olivier Merlet
Hayk Marutyan, l'ancien édile d'Erevan et principal opposant au maire actuel, Tigran Avinyan, a été destitué de son poste de conseiller municipal ainsi que deux autres élus de l'opposition, Narine Hayrapetyan et Sona Aghekyan.
Le vote a été rendu possible grâce à la participation de deux élus de Voix publique, sans laquelle le quorum n'aurait pu être atteint et la séance se tenir. La décision a été prise par 34 voix, celles de l'ensemble des membres du parti au pouvoir, "Contrat civil", en alliance avec le parti républicain, et celles des deux membres presents de Voix publique. Le parti d'Hayk Marutyan, "Progrès national", et celui de "Mère Arménie" ont préfère boycotter le scrutin sur lequel ils n'avaient mathématiquement aucune chance d'inverser le résultat dans ces conditions. Zaruhi Postanjyan et Gevorg Stepanyan ("Mère Arménie"), dont le siège était aussi sur la sellette, ont été maintenues à leur poste, les deux "Voix publique" s'étant oppose à leur éviction.
Le Conseil des Anciens reprochait à l'ancien élu d'Erevan son absence systématique aux séances et sa non-participation aux 42 votes de la session d'automne. « Pourquoi n'avez-vous pas exclu lors de la rencontre précédente des dizaines de vos coéquipiers, qui n'ont pas participé aux réunions depuis des années, parce qu'ils ne se sont pas prononcés contre vous ? » a répondu Hayk Marutyan, s'élevant contre des « représailles politiques » et rappelant que lorsqu'il était maire d'Erevan, les membres du "Contrat civil", dont il était alors l'élu, avaient eux-mêmes boycotté son projet d'importation de nouveaux bus.
« Ces absences sont un boycott, la seule méthode de lutte politique à l'heure actuelle », a encore déclaré l'ancien maire, soulignant qu'en dehors de la salle du Conseil, il rencontrait régulièrement ses concitoyens et participait activement avec eux à l'élaboration de nouveaux projets pour la capitale.
Armen Pambukhchyan, adjoint de Tigran Avinyan s'est une nouvelle fois abrité derrière le regle,ent du Conseil, ajoutant : « le membre révoqué du Conseil des Anciens peut invoquer diverses raisons, se déclarer maire suppléant ou fonctionnaire suppléant, mais néanmoins, cette décision a été prise uniquement sur la base du fait que M. Marutyan n'a pas assisté au travail ».
"Sona Aghekyan de "Mère Arménie", autre déchue de son mandat, a quant à elle accusé le "Contrat civil" de violer le droit des électeurs en la privant de son siège du Conseil des Anciens. Évoquant elle aussi les absences qui lui sont reprochées, la désormais ex-conseillère a parlé d'une décision prise « en accord avec [son] parti de ne pas permettre la réunion du quorum pour ne pas pénaliser les citoyens ».
Interroge par la presse sur d'éventuelles pressions exercées sur les membres de "Voix publique" pour assurer le quorum et obtenir leur ralliement, le maire d'Erevan, Tigran Avinyan s'est catégoriquement défendu d'utiliser de telles méthodes. « Nous ne les avons jamais utilisées et nous ne les utiliserons pas », a-t-il répondu.
Hayk Marutyan a précisé qu'il poursuivrait ses activités politiques en créant un nouveau parti pour participer aux élections de 2026 pour lesquelles il se présentera comme candidat au poste de Premier ministre.
