Après l'entrée d'un premier camion russe chargé d'aide humanitaire à Stepanakert le 12 septembre, le Conseil de l'Europe et le Département d'État américain insistent auprès de Bakou pour que le corridor de Latchine soit débloqué. Le gouvernement russe se fait plus attentiste.
Par Olivier Merlet
Bien qu'ils semblent rester lettre morte, les appels au déblocage du Corridor de Latchine semblent se faire plus pressants.
Le porte-parole du Département d'État américain, Matthew Miller, a évoqué la situation en Arménie à deux reprises ces dernières vingt-quatre heures, appelant une première fois «comme l'a fait le secrétaire d'État au cours du week-end, à l'ouverture immédiate et simultanée des routes de Latchine et d'Aghdam afin de permettre le passage des fournitures humanitaires dont les hommes, les femmes et les enfants du Nagorno-Karabakh ont désespérément besoin ».
La nuit dernière encore, lors de son point presse quotidien, Matthew Miller notait qu' « une cargaison de fournitures humanitaires a emprunté la route d'Aghdam pour entrer dans le Haut-Karabakh, et nous réitérerons donc notre appel sur la question spécifique de l'importance de l'ouverture des deux corridors dans le pays ». Il est à noter que le mot "pays" employé par le porte-parole, lapsus ou pas, n'est pas passé inaperçu à Moscou qui s'en émeut dans une dépêche de l'agence TASS.
Du côté de Bruxelles, le discours est le même qu'à Washington. Le communiqué publié ce 13 septembre par le Conseil de l'Europe, semble également se faire plus exigeant qu'à l'habitude. Son président, Charles Michel, prenant note « du passage d'une livraison humanitaire russe par la route Aghdam-Askeran », dit comprendre « toutes les sensibilités associées à ce développement. C'est une étape importante qui devrait faciliter la réouverture du corridor de Latchine ». Il a cependant pris garde lui aussi Tout en réaffirmant « notre conviction que le corridor de Lacthine doit être débloqué, conformément aux accords passés et à l'ordonnance de la CIJ », il prenait toutefois garde lui aussi de souligner « nous sommes convaincus de l'utilité d'autres voies d'approvisionnement, dans l'intérêt de la population locale. Nous appelons toutes les parties prenantes à faire preuve de responsabilité et de flexibilité pour garantir l'utilisation des deux routes, celle de Latchine et celle d'Aghdam-Askeran ».
Depuis Vladivostok où se tient actuellement le Forum économique oriental, Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères est demeurée sur une certaine réserve. « Un projet de déblocage parallèle des routes de Latchine et d'Aghdam a été élaboré. Compte tenu des divergences importantes de positions et du niveau élevé de méfiance mutuelle, ce travail n’a pas été facile. […] Nous espérons que, compte tenu de l'accord conclu précédemment, dans un avenir proche, parallèlement à la route d'Aghdam, le couloir de Latchine sera également débloqué et que l'aide humanitaire affluera alors sans entrave dans la région dans les deux sens, de manière régulière ».
