Ces derniers mois, un renforcement excessif du dram par rapport au dollar américain a été constaté. Si ce processus a des raisons objectives et conduit à une évolution positive de l'économie, à une amélioration du niveau de vie de la population et à la maîtrise de l'inflation, il ne peut qu'être salué.
Mais l'effondrement incompréhensible du dollar américain en Arménie n'a pas abouti à un résultat positif. L'inflation s'est accélérée plutôt que ralentie, atteignant 9,0 % en mai. Le taux d'inflation à double chiffre n'a été contenu ni par le renforcement du dram ni par l'augmentation du taux de refinancement par la Banque centrale arménienne. Tout (les produits alimentaires et non alimentaires) devient plus cher. D'ailleurs, la hausse du prix du carburant menace de faire augmenter les tarifs du transport de marchandises. De fait, l'augmentation du coût du carburant diesel pour les agriculteurs augmentera le coût de la production agricole.
Les budgets familiaux, bénéficiaires de transferts en dollars US, ont subi des dommages notables du « renforcement » du dram. Par rapport à février, en juin, pour le même montant en dollars, les citoyens reçoivent 20 % de drams en moins qu'en février. C'est-à-dire qu'un cinquième de ce type de revenu de nombreuses familles est perdu !
Les entrepreneurs, notamment les exportateurs, sont également mécontents de ce « renforcement » du dram. La vente à l'étranger de biens produits localement devient non rentable. Certains exportateurs, afin de maintenir leur position sur les marchés étrangers, sont contraints de réduire les prix des marchandises, voire de les vendre à prix coûtant.
Comme nous le savons, de nombreuses entreprises informatiques nationales travaillent pour des commandes externes. En d'autres termes, il s'agit de la même exportation, pour laquelle un tel « renforcement » du dram entraîne des conséquences prévisibles. Dans ces circonstances, les sociétés informatiques n'ont d'autre choix que de se retirer de leurs activités ou de réduire leurs effectifs. L'exode de ces entreprises vers d'autres pays n'est pas non plus à exclure.
Le secteur du tourisme en prend également un coup. Un étranger qui ne connaît pas la situation actuelle en Arménie serait surpris de voir des prix élevés (surtout pour les loyers, mais aussi pour la nourriture), dans le contexte d'un pouvoir d'achat du dollar relativement faible.
Ajoutons que la dépréciation et la volatilité du dollar américain en Arménie peuvent avoir un impact négatif sur les intentions des investisseurs étrangers. Graphiquement, la dynamique du taux de change du dollar américain en Arménie et en Russie est presque identique. Cependant, il existe des différences spectaculaires dans les conditions dans lesquelles la monnaie nationale se renforce. Tant en termes purement économiques qu'en termes de méthodes et de rigidité des restrictions monétaires. Il n'y a qu'une seule différence : la Russie, malgré les sanctions, a un énorme excédent de commerce extérieur, alors que nous avons un énorme déficit.
Au début du mois de mai, le directeur de la banque centrale arménienne a déclaré qu'un « certain » renforcement du dram par rapport au dollar américain était dû à une offre accrue de devises étrangères. Il s'agissait de l'arrivée massive de citoyens russes, qui ont naturellement apporté avec eux (ou reçu par transfert) des roubles ou des dollars.
Toutefois, la première vague de migration de Russes, plutôt massive, s'est maintenant calmée. Et une grande partie de ceux qui arrivent de Russie, se déplacent rapidement vers d'autres pays. Ce facteur du marché des changes perd donc déjà (ou a même perdu) son importance. Toutefois, le dram a continué à se renforcer par rapport au dollar américain.
