En visite à l'Institut néerlandais des relations internationales de Clingendael de La Haye dans le cadre de son voyage officiel aux Pays-Bas, le Premier ministre s'est notamment exprimé sur le processus de paix en cours dans le Caucase du Sud et dans la région.
Par Olivier Merlet
« Tout est fait pour que les Arméniens considèrent leur présence en Artsakh et au Nagorny-Karabakh comme impossible […] Si nous résumons cette politique en un seul mot, c'est un Karabakh sans Arméniens. » Après avoir dépeint la situation humanitaire désastreuse qui prévaut au Karabakh depuis la fin de la guerre et stigmatisé la pression psychologique exercée sur ses populations par le pouvoir azerbaïdjanais, Nikol Pashinyan est revenu sur le processus de paix annoncé entre -et par- les deux pays mais qui semblent tarder à s'engager.
Rappelant la proposition en cinq points adressée par l'Azerbaïdjan il y a près de deux mois, le Premier ministre a précisé que « ces points ne concernent pas l'ensemble de l'agenda de nos relations et que nous avons complété par la question des droits de sécurité des Arméniens du Haut-Karabakh et le statut final du Haut-Karabakh ». Un accord en 6 points, réponse de la partie arménienne évoquée par le ministre azerbaïdjanais des affaires étrangères, sans qu'il ne précise encore sa volonté d'y donner suite.
« Récemment, certains propos ont été tenus par l'Azerbaïdjan pour donner l'impression que seules les propositions de Bakou seront sur la table des discussions. » relève Nikol Pahinyan. « Cela ne correspond pas à ce dont nous sommes convenus à Bruxelles et je confirme aujourd'hui ma position, devant vous, publiquement, et officiellement, que nous sommes prêts à négocier, sur la base des principes mentionnés dans cet agenda. […] Dans un avenir proche, il y aura une réunion de nos représentants sur la question de la démarcation et de la délimitation, il y aura une réunion de nos ministres des affaires étrangères. »
Selon nos confrères d'Azatutyun, le Premier ministre aurait également profité de son intervention à l'institut néerlandais des relations internationales pour révéler certains détails de sa dernière rencontre avec son homologue azerbaïdjanais et la promesse non tenue de ce dernier de procéder à la libération de prisonniers arméniens encore retenus à Bakou. « Soit dit en passant, la dernière fois que le dirigeant azéri a promis de libérer un autre groupe de prisonniers, c'était en présence du président du Conseil de l'Union Européenne, mais jusqu'à présent, cela ne s'est pas produit. […] Erevan condamne l'utilisation de personnes à des fins politiques, a-t-il poursuivi, rappelant qu'afin d'obtenir la libération des prisonniers, « nous avons remis toutes les cartes des champs de mines que nous avions à l'Azerbaïdjan, en espérant que l'étape humanitaire serait suivie d'une étape humanitaire de leur part."
Il est à noter que ces propos ne sont pas repris dans le communiqué officiel transmis par le cabinet du premier ministre, et qu'ils ont fait ce matin l'objet d'une vive réaction du ministère des Affaires étrangères d'Azerbaïdjan. Sa porte-parole, Leyla Abdullayeva a qualifié d'« inappropriée et sans fondement […] l'accusation du Premier ministre arménien contre l'Azerbaïdjan de ne pas avoir pris de mesures humanitaires et de ne pas avoir renvoyé les détenus arméniens. […] Le fait que le Premier ministre arménien continue de faire des allégations sans fondement contre l'Azerbaïdjan remet sérieusement en cause la volonté du pays d'agir pour la paix ».