Alors que l'ensemble du plateau arménien est soumis à des conditions climatiques rigoureuses et tout à fait inhabituelles pour cette fin mars, le gazoduc qui approvisionne le Karabakh depuis l'Arménie est à nouveau hors de service depuis dimanche soir. Chutes de neige exceptionnelles, températures ne dépassant que rarement le zéro depuis une dizaine de jours, ce sont près de 120 000 personnes qui sont de nouveau privées de chauffage.
Par Olivier Merlet
L'approvisionnement en gaz de l'Artsakh avait déjà été interrompu une première fois suite à une rupture du gazoduc principal, le 8 mars, dans la zone sous contrôle des forces armées azerbaïdjanaises. Il n'avait pas fallu moins de 9 jours de plaintes officielles et d'intenses négociations, avec le soutien des soldats de la paix russes, entre le gouvernement arménien et la partie azerbaïdjanaise pour que cette dernière consente à mener les travaux de réparation nécessaires et rétablisse le précieux cordon ombilical le 19 mars.
L'approvisionnement en gaz était de nouveau interrompu à peine deux jours plus tard, « à la suite de l'intervention directe de la partie azerbaïdjanaise » selon le Centre d'information de la république du Nagorny-Karabakh sur sa page Facebook le 21 mars. « Associée à des conditions météorologiques particulièrement défavorables, [la situation] créée par l'Azerbaïdjan s'apparente à une démarche criminelle dans le but de provoquer insidieusement des problèmes humanitaires supplémentaires pour notre population. La situation a été immédiatement signalée au commandement de la force russe de maintien de la paix stationnée en Artsakh, avec laquelle les autorités d'Artsakh déploient les efforts nécessaires pour rétablir l'approvisionnement en gaz ».
Hier, 22 mars, Ararat Mirzoyan. ministre arménien des Affaires étrangères, en appelait à la réaction de la communauté internationale par ce communiqué :
« À travers l'ingérence flagrante de la partie azerbaïdjanaise, l'approvisionnement en gaz naturel de l'Arménie vers le Haut-Karabakh a de nouveau été interrompu dans le territoire tombé sous le contrôle de l'Azerbaïdjan près de la ville de Shushi. Ainsi, dans des conditions de précipitations et de froid sans précédent, environ 120 000 habitants du Haut-Karabakh ont été privés de l'approvisionnement vital en gaz.
Il y a quelques jours à peine, l'Azerbaïdjan, pendant huit jours consécutifs, n'a pas autorisé la reconstruction du gazoduc endommagé dans la même région dans des circonstances inconnues.
Par conséquent, en plus de ses efforts continus visant à exercer une pression psychologique sur la population du Haut-Karabakh et à empêcher l'entrée des organisations humanitaires internationales dans le Haut-Karabakh, l'Azerbaïdjan perturbe délibérément le bon fonctionnement des infrastructures essentielles dans le Haut-Karabakh, ce qui entraîne évidemment une crise humanitaire. Nous considérons que cette politique scandaleuse de violence systématique contre les Arméniens de l'Artsakh est inacceptable.
La situation actuelle souligne l'urgence d'une réponse claire de la communauté internationale pour prévenir la crise humanitaire, ainsi que l'implication immédiate et sans entrave des organisations humanitaires internationales dans le Haut-Karabakh ».