Il y a tout juste 18 ans, le 19 février 2004, Gurgen Margaryan, lieutenant de l'armée arménienne âgé de 26 ans se faisait sauvagement assassiner à Budapest par Ramil Safarov, officier azerbaïdjanais avec lequel il participait à un programme de formation militaire initié par l’OTAN intitulé "Partenariat pour la paix".
Par Olivier Merlet
Le meurtre de Gurgen Margaryan, assassiné dans son sommeil à coups de hache et de poignard pour la seule raison qu'il était Arménien, s'est révélé bien pire que celui d'un homme à l'équilibre mental de toutes façons aliéné. Repris en exemple pour son peuple par un régime inqualifiable de férocité et d'hypocrisie, celui d’Aliyev, il a révolté le monde entier et lui a révélé en pleine face toute son inhumanité et son dessein ouvertement génocidaire. Le monde, d'ailleurs, semble ne jamais s'en souvenir.
Condamné le 16 avril 2006 a la prison à vie, jugement confirmé en appel un an plus tard, Ramil Safarov purgera sa peine dans les geôles budapestoise pendant 8 ans. Le 31 aout 2012, sur demande réitérée de Bakou, la Hongrie de Viktor Orbán, remet l'assassin aux autorités azerbaidjanaises. Accueilli à Bakou en héros national, Ramil Safarov est gracié par Ilham Aliyev, promu au rang de major et "dédommagé" par l'attribution d'un appartement et le versement de huit années d'arriérés de salaire. Elmira Süleymanova, l'ombudsman d'Azerbaïdjan de l'époque déclare : « Safarov doit devenir un exemple de patriotisme pour la jeunesse azerbaïdjanaise ».
Portée devant la Cour européenne des droits de l'homme, l'affaire a été définitivement jugée à Strasbourg le 26 mai 2020, le tribunal estimant que les actions de l'Azerbaïdjan dans le meurtre du soldat arménien Gurgen Margaryan par l’officier azerbaïdjanais Ramil Safarov, constituaient une violation flagrante des articles 2 et 14 de la Convention européenne des droits de l’Homme relatifs au droit à la vie et à l'interdiction de toute forme de discrimination, accompagnée d'une "non-exécution injustifiée" d'une peine pour meurtre. Le crime lui-même a été décrit par la cour comme un crime de haine à motivation ethnique.