La mise en œuvre du projet « Golfe Persique-Mer Noire » pourrait transformer l'Arménie en un couloir de transport de transit

Région
28.05.2021

L'Iran est prêt à mettre en œuvre des initiatives mutuellement bénéfiques pour approfondir les liens économiques avec l'Arménie, en particulier le projet de corridor de transport international « Golfe Persique-Mer Noire ».

Le ministre des Voies et de l'Urbanisme de la République islamique d'Iran, Mohammad Eslami, a informé le ministre arménien de l'Administration territoriale et des Infrastructures, Suren Papikyan, à Erevan, de l'intérêt de Téhéran pour le développement des communications routières et ferroviaires avec l'Arménie et pour la participation à la construction des sections sud de la route Nord-Sud.

Le ministre arménien a informé son homologue iranien des priorités du gouvernement arménien visant à améliorer les infrastructures de transport routier, notamment la construction de l'autoroute Nord-Sud, et des possibilités qu'elle offre pour augmenter le chiffre d'affaires commercial et économique entre les ports du golfe Persique et de la mer Noire. Il a également fourni des détails sur le début de la conception et de la construction de la section Sisian-Kajaran et Kajaran-Agarak de la route Nord-Sud.

Tout en soulignant la nécessité de garantir des normes de qualité élevées dans le domaine de la construction, M. Papikyan a noté que l'utilisation de fonds publics dans le cadre du programme créera des conditions favorables à la représentation d'entreprises de construction étrangères, notamment iraniennes.

Il a également informé la partie iranienne que le ministère de l'Administration territoriale et de l'Infrastructure a lancé un ensemble d'amendements législatifs, qui prévoient la révision des taux et des critères de calcul des taxes prélevées sur les cargaisons iraniennes en transit sur le territoire arménien. À la suite de ce changement, les tarifs des transporteurs de fret iraniens seront réduits de plusieurs fois.

Le corridor de transport international « Golfe Persique - Mer Noire » devrait relier les ports iraniens aux ports géorgiens en passant par l'Arménie. L'itinéraire est probablement le suivant : par la route à travers l'Arménie : Meghri - Vayots Dzor - Yeraskh, puis par le rail jusqu'au port maritime géorgien de Poti, puis à travers la mer Noire jusqu'aux ports bulgares de Varna et Burgas.

Comme la partie iranienne l'a souligné à plusieurs reprises, « le lancement de ce corridor accélérera le commerce asiatique avec l'Europe et créera un lien de transit encore plus important avec le commerce régional et international entre l'Iran, le Caucase du Sud et les pays de la mer Noire ».

Cette initiative iranienne a été présentée dès 2016, suivie de quatre étapes de négociations à Téhéran, Sofia, Tbilissi, et de nouveau à Téhéran. Le cinquième cycle de négociations s'est tenu à Erevan le 19 avril 2021 et a réuni des délégations de l'Iran, de l'Arménie, ainsi que de la Géorgie, de la Bulgarie et de la Grèce. Des accords constructifs ont été conclus pour clarifier certains points du projet. Le texte final sera signé par les parties lors de la prochaine réunion à Sofia, en Bulgarie.

La mise en œuvre de ce projet pourrait faire de l'Arménie un couloir de transport de transit. La Russie en profitera en cas de lancement du chemin de fer abkhaze, qu'elle pourra utiliser pour livrer des marchandises depuis l'Inde.

Il est évident que ni Bakou ni Ankara ne sont intéressés, rêvant de construire un corridor de transport traversant le territoire de l'Arménie et reliant directement le Nakhitchévan à l'Azerbaïdjan, ce qui conduirait la Turquie à la côte caspienne, au projet chinois « Une ceinture, une route », ainsi qu'aux communications de la Russie. Cette dernière, comme le notent les experts russes, aura dans ce cas la possibilité de sortir via la Turquie vers le sud de la mer Noire et vers toutes les communications menant de la Turquie à l'Europe.

L'Iran, conscient que la mise en œuvre du projet turco-azerbaïdjanais le rendra dépendant de Bakou et d'Ankara, ce qui entraînera des problèmes non seulement de transport, mais aussi de nature géopolitique, a averti à plusieurs reprises qu'il n'autoriserait aucune modification de ses frontières ni l'ouverture du corridor de Meghri, même sans modification des frontières.

Le vice-premier ministre par intérim, Mher Grigoryan, qui mène des discussions sur le déblocage des communications au sein du groupe de travail trilatéral présidé conjointement par les vice-premiers ministres d'Arménie, de Russie et d'Azerbaïdjan, a assuré à la partie iranienne, lors de sa rencontre avec Mohammad Eslami, en parlant du travail effectué pour débloquer les transports régionaux, que l'Arménie n'avait pas discuté et ne discutera pas des questions selon la logique du « corridor ».

Il convient de noter que le projet Golfe Persique-Mer Noire pourrait être mis en œuvre plus rapidement que le corridor Turquie-Azerbaïdjan, car la route qui traverse l'Arménie vers l'Europe est plus courte que celle qui traverse l'Azerbaïdjan. Toutefois, des facteurs politiques et géopolitiques, la rivalité des pays régionaux et extrarégionaux pour l'influence dans le Caucase du Sud pourraient à nouveau jouer un rôle dans sa mise en œuvre.

Apparemment, toutes ces questions seront abordées par le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Djavad Zarif, lors de sa visite en Arménie et en Azerbaïdjan.

Source: le journal Respoublika Armenia