Depuis des mois déjà, on entendait des rumeurs, puis des informations sur le rachat par la société des télécommunisations Ucom, l'un des trois opérateurs des télécoms en Arménie et le seul avec le capital national, de l'opérateur Beeline Armenia appartenant au groupe russe VEON. Mais le volte-face survenu chez Ucom, avec le départ de presque totalité de ses cadres dirigeants et moyens, ont changé la donne.
Par Sona Malintsyan
L’entreprise de télécommunication, un des plus importants opérateurs de réseau mobile au monde, le groupe VEON refuse de négocier avec Ucom CJSC sur une éventuelle transaction en Arménie. C'est ce qui ressort d'une déclaration publiée la semaine dernière par Kieran Toohey, directeur de la communication du groupe VEON.
« VEON Ltd. (NASDAQ et Euronext Amsterdam : VEON), un des principaux fournisseurs mondiaux de communications et de services Internet, s'est retiré des négociations avec Ucom CJSC concernant une possible transaction avec sa société d'exploitation en Arménie, qui a été divulguée précédemment le 15 janvier 2020 », lit-on dans la déclaration.
Le communiqué ne contient aucune motivation ni explication de la décision. Essayons de comprendre les raisons d'une telle décision.
Transaction prévue
La société arménienne Ucom (Universal Communications) a été fondée en 2007 par les frères Hayk et Alexander Yesayan, après quoi elle s'est développée en attirant de nouveaux actionnaires. En conséquence, selon les données de début 2020, 94% des actions de la société sont détenues par Gagik Khachatryan, l’ancien président du Comité des recettes publiques et le ministre des Finances, et ses fils (environ 78%), ainsi que par Samvel Karapetyan, un homme d'affaires russe d'origine arménienne, le chef du groupe « Tashir » (environ 16%). La part des frères Yesayan est d'environ 6%.
Fin décembre 2019, on a appris que Ucom avait l'intention d'acheter la compagnie arménienne Beeline. Les entreprises ont demandé aux régulateurs arméniens de la sphère d'analyser et d'obtenir l'autorisation pour la transaction. Cependant, des désaccords sont apparus entre les actionnaires de l'Ucom au cours des discussions, notamment sur la nouvelle politique prévue par les principaux actionnaires, selon laquelle les frères Yesayan ont été écartés de la direction. Les frères ont proposé de racheter les actions principales de la société pour 34 057 000 000 drams (environ 70 millions de dollars). Mais les actionnaires n'étaient pas d'accord et les frères, ainsi qu'un grand groupe d'employés de Ucom, ont demandé leur licenciement, créant ainsi une nouvelle société appelée AllNet.
Scandale et arrestations en plein milieu de l’accord
Cependant, le scandale autour des propriétaires de Ucom a commencé à s'amplifier avec de nouvelles accusations et de nouveaux développements. En particulier, le Groupe de sociétés Galaxy a accusé le gouvernement arménien de tenter de s'aliéner illégalement Ucom, et la porte-parole du Premier ministre, Mane Gevorgyan, a lancé des contre-accusations. Gurgen Khachatryan, co-fondateur du groupe Galaxy, président du conseil d'administration de la société Ucom, a notamment déclaré que les hauts fonctionnaires du pays exigent l'aliénation de Ucom et de la principale société informatique arménienne IUnetworks.
Gevorgyan a déclaré que selon la législation, l'aliénation des actions de la société n'est possible qu'avec le consentement du gouvernement arménien. « Suite à un litige entre les actionnaires de la société, la question de la modification de leur composition est apparue à l'ordre du jour. Alors la position du gouvernement était telle que la vente des actions des Khachatryan n'est possible que si la totalité du montant reçu de la transaction est transférée au budget de l'État arménien. Cette position est toujours valable pour tout bien d'origine illégale », a noté M. Gevorgyan.
Le fait est que l'ancien ministre des Finances et ancien chef du Comité des recettes de l'État, Gagik Khachatryan, qui est actuellement en état d'arrestation, a été détenu le 27 août 2019 par le Service de sécurité nationale d'Arménie, car il est soupçonné d'avoir commis des crimes en vertu des articles du Code pénal « Abus de pouvoir » et « Appropriation ou détournement de fonds à grande échelle ». Le 8 avril 2020, le Service de sécurité nationale arménien a annoncé l'ouverture d'une affaire pénale sur l'octroi d'un important pot-de-vin de 22,4 mille dollars. L’institution a fourni des détails sur un projet criminel qui, selon l'enquête, impliquait le PDG d'une grande entreprise et un haut fonctionnaire (ancien ministre des Finances, ancien chef du Comité des recettes de l'État) avec ses fils. Comme hetq.am l'a déjà signalé, selon le registre de l'État, le 27 mars 2020, la part des frères Khachatryan à Ucom a été arrêtée. La déclaration de Galaxy note que « la saisie de tous les biens, y compris les actions de Ucom et de IUnetworks, est illégale.
Quelques jours après l'altercation verbale entre Khachatryan et la secrétaire de presse du Premier ministre, le SSN a annoncé son intention d'arrêter Gurgen Khachatryan. La requête soumise au tribunal a été satisfaite, mais Khachatryan s'est caché et a été mis sur la liste des personnes recherchées. En particulier, sur la base du fait que l'enquête a révélé que les fils de Khachatryan, profitant de la position officielle de leur père et avec son consentement préalable, ont créé une organisation commerciale pour la livraison de marchandises aux organes fiscaux et douaniers de la république et la fourniture de services informatiques, et ont réalisé des machinations dans le cadre de cette transaction. De cette manière, les fonds publics d'une valeur de 1,5 milliard de drams (environ 3,1 millions de dollars) ont été volés.
À propos des sociétés
La société arménienne Ucom (Universal Communications) a été fondée en 2007. Ucom, qui est l'un des leaders du marché des télécommunications en Arménie, fournit toute la gamme de services dans ce domaine : connexion symétrique à haut débit, télévision sur IP, téléphonie numérique.
L’entreprise VEON Armenia (marque Beeline) fournit des services de communication fixe et mobile. Depuis avril 2007, 100 % des actions de VEON Armenia (anciennement ArmenTel CJSC) sont détenues par le groupe de sociétés VEON, qui est l'un des plus grands opérateurs de télécommunications intégrés au monde.