Le secteur de la restauration bénéficiera-t-il du programme d'aide du gouvernement ? Comment les problèmes de l'industrie vont-ils affecter le marché de l'emploi ? Comment les restaurateurs vont-ils affronter la crise des industries connexes : viticulture, agriculture, élevage, etc. ? Vahe Gevorgian, directeur exécutif de l'Association des restaurants arméniens, a répondu à ces questions et à d’autres.
Comment le secteur de la restauration bénéficiera-t-il du programme de soutien du gouvernement ?
Je tiens à souligner que nous espérons vivement un dialogue productif avec l'appareil d'État, car lors de l'élaboration des mesures, il est nécessaire de prendre en compte les pratiques commerciales et les problèmes existants dans l'industrie. Il serait beaucoup plus efficace que l'aide proposée, en particulier l'ensemble de mesures adopté par le gouvernement, soit spécifiquement destiné à plusieurs secteurs de l'économie qui ont été touchés le plus par cette situation ։ restaurants, cafés, tourisme.
Nous pensons que les mesures proposées aujourd'hui par l'État ne pourront pas relancer l'industrie dans les conditions de crise, et sur certains points, servent de voie directe vers la faillite, surtout dans les régions.
Le premier paquet nous offre maintenant des prêts avec des taux d'intérêt pour les impôts, les salaires et les services publics. C'est une charge supplémentaire pour les entreprises, qui, je vous le rappelle, sont fermées en raison de l'épidémie de coronavirus par la décision du gouvernement, il n'y a que la livraison qui fonctionne mais avec un certain nombre de limitations.
Dans le même temps, l'organisation du service de livraison crée des coûts supplémentaires pour les restaurateurs. Pour nous, la sécurité et la santé publiques sont une priorité, mais nous comprenons également que les entreprises fermées ne peuvent pas attirer des prêts supplémentaires, d'où les nouvelles dettes que les restaurants ne pourront pas honorer ou feront simplement faillite. Ce sera irresponsable envers nos employés, ainsi qu'envers le gouvernement et nos partenaires commerciaux et envers même les organismes de crédit et banques. Nous proposons plutôt un délai de trois mois pour le paiement des impôts - impôt sur le revenu et impôt sur le chiffre d'affaires.
L'État offre maintenant de l'argent pour les salaires. Que se passera-t-il dans quelques mois ? On va avoir des licenciements massifs en raison d'entreprises en faillite ? Et comment cela affectera-t-il le marché de l'emploi dans les régions ?
Il s’agit d’un problème très douloureux. Nous continuons à donner des salaires à nos employés, car les gens ont besoin d'argent en ce moment ․ À l’heure actuelle, personne ne peut prédire ce qui se passera dans trois mois. Une chose est sûre : le tourisme récepteur sera pratiquement à zéro cette année, et 90% des restaurants régionaux y sont concentrés.
Si l’on ne sauve pas le secteur maintenant, il y aura des licenciements massifs à l’avenir - plus de 30.000 personnes travaillent dans le domaine de restauration. Imaginez le nombre de familles qui seraient touchées par cette pratique.
Même si les restaurants ouvrent leurs portes le 1er mai (selon les prévisions les plus optimistes), ils ne seront pas en mesure de fournir la part de profit nécessaire pour couvrir les dépenses d'hier, ainsi que pour remplacer le flux touristique.
Nous souhaitons garder nos employés : ils ont suivi des années de formation et font partie d’une grande famille. Nous suggérons que l'État partage le risque et assume 50 % du paiement des salaires pendant quelques mois. De cette façon, nous pouvons sauver des emplois, et non mettre des dizaines de milliers de personnes au chômage, à savoir placer ce lourd fardeau sur les épaules de l’État.
Si l’État nous vient en aide, alors nous obtenons le principal bonus - le temps. Les restaurants pourront se restructurer, transformer les services de livraison, attirer des investissements extérieurs, optimiser les coûts, réviser les conditions de coopération avec les fournisseurs, etc.
Un tel répit permettra de maintenir la viabilité du marché. Dans le même temps, en préservant autant que possible les emplois, nous stimulons le pouvoir d'achat de dizaines de milliers de citoyens, fournissant ainsi aux autres secteurs de l'économie arménienne des clients pour leurs services.
Y a-t-il un risque que les restaurateurs disposant d'actifs libres avalent les plus petits et monopolisent essentiellement le marché, en profitant de la crise actuelle ?
Nos restaurateurs sont des personnes éthiques et décentes, donc parmi les membres de l'association nous n'attendons pas de telles actions. Deuxièmement, les restaurateurs n'ont tout simplement pas de fonds disponibles – il s’agit d’un commerce saisonnier et pour la saison hivernale, tous les stocks, s'ils n'étaient pas investis dans l'entreprise, étaient épuisés. Le danger réside dans le fait que le secteur de la restauration s'effondre tout simplement et qu'il soit très difficile de le rétablir, même dans quelques années. De plus, il n'y a personne pour remplacer les restaurants des locataires. Voulons-nous vraiment voir l'effondrement du marché de la location de biens immobiliers commerciaux ?
Cependant, personne n'exclut le risque que le marché soit repris par des personnes issues des industries parallèles (le pire des scénarios) qui disposent des actifs libres. Elles peuvent non seulement détruire l'industrie hôtelière, mais aussi causer des dommages irréparables pour la réputation du tourisme et du pays dans son ensemble, en repoussant l'industrie à l'ère des années 1990 et du marché chaotique des services, ainsi qu'en provoquant des flux migratoires.
Comment les restaurateurs vont-ils affronter la crise des industries connexes : viticulture, agriculture, élevage, etc. ?
L'impact est déjà pénible. Notre secteur provoque un effet multiplicateur. La viticulture arménienne s'est développée ces dernières années, les restaurateurs ayant activement inclus des nouveautés dans leurs cartes des vins, offrant ainsi une plateforme de promotion. Aujourd'hui, tant le marché que les mécanismes de mise en œuvre vont disparaître.
Les principaux acheteurs de viande de porc sont les restaurants : s’il n’y a pas d'industrie, les agriculteurs vont souffrir, et il s’agit des fermes familiales entières qui viennent de se remettre sur pied. Il en va de même pour la production de fromage, de poisson et d'autres produits alimentaires.
Ne pensez-vous pas que le lobbying auprès des banquiers est beaucoup plus fort maintenant, de sorte que le paquet de mesures de l'État vise principalement à protéger leurs intérêts ?
Il y a une telle préoccupation, car on pense qu'il est nécessaire de sauver les banques pour que l'économie ne s'effondre pas. Mais si les entreprises s'effondrent - les banques les suivront. Le fonctionnement des banques est conditionné par l’existence des petites et moyennes entreprises.
Si l'industrie hôtelière disparaît en tant que telle, cela représente un risque pour l'économie. Par conséquent, d’après nous, le fardeau de la crise devrait être partagé par tous les secteurs de l'économie - il devrait y avoir un compromis. Nous sommes prêts à travailler et à développer la sphère, et nous demandons à l'État de nous soutenir et de ne pas se détourner.
Source: Verelq