Le directeur de la maternité principale d'Arménie et deux autres responsables ont été arrêtés mercredi dernier, selon l’information diffusée par le Comité d’enquête de la République d’Arménie.
Le Comité d'enquête a procédé à des arrestations dans le cadre d'une enquête criminelle lancée plus tôt cette année par le Service national de sécurité (SNS), liée à l'adoption illégale d'enfants arméniens par des étrangers. Dans une déclaration du 14 novembre 2019, le SNS avait affirmé avoir trouvé des preuves qu’une trentaine d'enfants arméniens avaient été illégalement adoptés par des ressortissants italiens, en violation flagrante de la législation arménienne. En particulier, selon le rapport, en 2016-2018, plusieurs responsables ont utilisé des menaces, du chantage et des mensonges pour convaincre plus d'une douzaine de femmes enceintes (et vraisemblablement célibataires) d'abandonner leurs enfants.
Selon le communiqué, immédiatement après leur naissance, les enfants ont été emmenés dans des orphelinats gérés par l'État dont les cadres supérieurs ont ensuite organisé leur adoption par des étrangers en contrefaisant leur dossier médical et en commettant d'autres violations des règles d'adoption fixées par l'État.
Le Comité d’enquête s’est plus particulièrement intéressé aux activités de l'Hôpital républicain et plus précisément celles de Razmik Abrahamyan après l’incident arrivé de Haykuhi Khachatryan, une femme de 33 ans originaire de la région de Kotayk. Après avoir accouché d’un petit garçon, la femme a été informée que le bébé était mort-né. Face à ses exigences, une somme d'argent lui avait été proposée par le médecin. Jusqu'à présent, le corps de l'enfant n’a pas été retrouvé. Cependant, la jeune femme n'a pas accepté la nouvelle de la perte de son enfant. Elle a lancé une campagne dans les réseaux sociaux pour recueillir des informations sur la maternité de l'Hôpital républicain où avait eu lieu l’accouchement. Suite à cette campagne, plusieurs personnes ont commencé à confier leurs histoires personnelles, allant toutes dans le sens de détournements graves ayant lieu dans l’hôpital en question.
Haykuhi, se référant aux arrestations de Razmik Abrahamyan et d'autres, se déclaré très heureuse d’être associée à la découverte de cette macabre chaîne. Elle se dit confiante quant à la perspective de retrouver son fils à l’issue de l'enquête. « Je suis sûre que je retrouverai mon fils. Rien ne prouve que mon enfant soit mort. Il y a toute une chaîne criminelle qui fonctionnait depuis des années. Les histoires sont terribles », a-t-elle dit.
Elle ajoute que tout un mouvement appelé « Mères arméniennes » s’est formé, avec déjà 508 mères ayant livré leurs témoignages.
Quant à Razmik Abrahamyan, il a été emmené, Jeudi le 19 décembre, au centre médical « Armenia » dans un état critique. Selon son avocat Samvel Dilbandyan, Abrahamyan aurait une insuffisance cardiaque : « Il est en très mauvais état. Je pense que si un homme de 76 ans est maintenu en prison, il est peu probable qu'il reste en vie ».
Razmik Abrahamyan a été inculpé en vertu de la deuxième partie du point 2 de l'article 167 du Code pénal de la République d’Arménie (séparation illégale ou remplacement d'un enfant par accord préalable) et du point 3 de l'article 200 (corruption commerciale), a annoncé Mme Naira Harutyunyan, porte-parole du Comité d’enquête.