
La Représentation de la République d'Artsakh en France a réagi à la récente visite à Chouchi de l'ambassadrice de France en Azerbaïdjan, Anne Boillon, en publiant le communiqué suivant:
Le samedi 21 juin, l’Ambassadrice de France en Azerbaïdjan, Anne Boillon, s’est rendue dans la ville de Chouchi, haut lieu culturel et historique arménien du Haut-Karabagh, occupé par l’Azerbaïdjan depuis la guerre de 2020. Cette visite marque un tournant profondément choquant dans la posture diplomatique française vis-à-vis du Caucase du Sud.
Chouchi, arrachée dans le sang à ses habitants en novembre 2020 par l’Azerbaïdjan lors de la guerre des 44 jours, lancée au mépris du droit international et processus de négociations sous l’égide de la coprésidence du Groupe de Minsk (France, Etats-Unis et la Russie), est aujourd’hui au cœur d’une entreprise assumée d’effacement de toute trace de présence arménienne. En saluant les travaux de « reconstruction » menés par Bakou, la représentante de l'État français cautionne de facto une politique de négation de l’histoire et de spoliation : celle d’un peuple non seulement chassé de ses terres ancestrales, mais aussi dépossédé de ses biens, de son patrimoine matériel et spirituel. Cette entreprise d’effacement relève, selon la définition du droit international, du crime contre l’Humanité.
En septembre 2023, après l’offensive ayant vidé le Haut-Karabagh de toute sa population, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, déclarait d’ailleurs que ce qui s’était déroulé “ressemblait à un nettoyage ethnique”. Cette déclaration marquait la reconnaissance, par la France, de la nature du crime commis.
La visite à Chouchi de la représentante de l'État français, contredit la position exprimée par les plus hautes instances politiques françaises. Dans une mobilisation transpartisane, sénateurs, députés, maires des grandes villes, présidents de partis politiques, affichent depuis 2020 une position claire face aux agressions répétées de l’Azerbaïdjan contre les Arméniens du Haut-Karabagh. De 2021 à 2023, les deux chambres du Parlement français ont ainsi adopté à la quasi-unanimité des résolutions condamnant sans équivoque les offensives de Bakou, appelant à des sanctions et réclamant le respect du droit au retour des déplacés.
Ce droit est consacré par la Cour internationale de Justice dans son ordonnance du 17 novembre 2023, qui exigeait expressément de l’Azerbaïdjan de garantir la sécurité et la liberté de circulation des Arméniens souhaitant revenir dans leurs foyers. À ce jour, cette ordonnance reste ignorée par les autorités de Bakou.
De surcroît, les dirigeants élus du Haut-Karabagh sont arbitrairement emprisonnés à Bakou, où ils font l’objet de procès, en violation manifeste de toutes les garanties du droit.
La visite de la représentante de l'État français survient alors même que le régime de Bakou accentue sa dérive autoritaire. Le 20 juin 2025, sept journalistes indépendants, parmi les derniers encore actifs dans le pays, ont été condamnés à de lourdes peines de prison. Leur seul crime : avoir osé dénoncer la corruption du clan Aliev et les mécanismes de prédation sur les ressources du Haut-Karabagh. L’Azerbaïdjan est aujourd’hui classé 8e pays emprisonnant le plus de journalistes, selon Reporters sans frontières. Rappelons aussi que cette dictature a expulsé récemment toutes les grandes ONG internationales.
« La visite de la représentante de l’État français dans cette ville emblématique arménienne le 21 juin dernier, en dehors de toute mention du sort des déplacés de force, de la destruction du patrimoine culturel arménien ou de la détention de leurs représentants, revient à banaliser un crime majeur et à laisser libre cours aux agissements d’un État criminel. » déclare Hovhannès Guévorkian, Représentant du Haut-Karabagh.