À un mois de la COP 29 qui s'ouvrira à Bakou le 11 novembre prochain, Artak Beglaryan, ancien ministre d'État du Haut-Kharabagh et les avocats Arman Tatoyan, Siranush Sahakyan et Karnig Kerkonian entament à Paris, ce 10 octobre, une tournée internationale de sensibilisation à la cause des prisonniers arméniens toujours détenus en Azerbaïdjan.
Par Olivier Merlet
Le Comité de défense de la cause arménienne (CDCA) – Groupe de Paris organise ce 10 octobre à La Maison de la Culture arménienne, dans le neuvième arrondissement de Paris, deux rendez-vous dans le cadre d'une campagne internationale de mobilisation en faveur de la libération de tous les prisonniers de guerre, politiques et otages arméniens illégalement détenus dans les geôles de Bakou, depuis plus de quatre ans pour certains, depuis la guerre des 44 jours.
Une conférence de presse est organisée dans la matinée, elle sera suivie ce soir d'une conférence et d'une rencontre publique avec l'ancien ministre d'État d'Artsakh, Artak Beglaryan et trois juristes experts en Droits de l'homme : Arman Tatoyan, Siranush Sahakyan et Karnig Kerkonian. Très actifs dans la dénonciation des crimes de guerre commis par l'Azerbaïdjan, ils souhaitent aujourd'hui mettre en lumière la situation critique des prisonniers de guerre et des otages arméniens. Leur objectif est clair : mobiliser la communauté internationale et faire pression sur le gouvernement azerbaïdjanais pour obtenir du président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, leur libération avant l'ouverture de la COP 29 de Bakou le 11 novembre prochain.
À ce jour, ils sont encore 23 à être enfermés dans des conditions inhumaines à Bakou, en violation flagrante du droit international, malgré les engagements pris par le président Ilham Aliyev lors de l'accord tripartite du 9 novembre 2020. Siranush Sahakyan, avocate et présidente de l'"International and Comparative Law Center", a décrit dans plusieurs rapports la réalité de ces détentions prolongées et les actes de torture systématiques auxquels les prisonniers sont soumis. « Leurs vies sont en danger quotidiennement », déclare-t-elle. Des faits d'ailleurs récemment corroborés par l'organisation Human Rights Watch.
Cette tournée internationale intervient dans un climat diplomatique particulier. En accueillant la COP29, l'Azerbaïdjan tente de redorer son image à travers une stratégie de "greenwashing" et de "peace-washing", tout en poursuivant ses violations des droits humains. De nombreux élus français, tels que Anne Hidalgo, Valérie Pécresse ou encore Xavier Bertrand, ont d'ores et déjà annoncé leur boycott de cet événement, dénonçant la contradiction flagrante entre les ambitions affichées par la COP et les pratiques répressives de Bakou.
Le CDCA espère que la pression internationale qui se construit autour de ces questions poussera la communauté internationale à réagir fermement. Arman Tatoyan, ancien défenseur des Droits de l’homme en Arménie, rappelle que les territoires arméniens eux-mêmes continuent de subir des agressions répétées de la part de l’Azerbaïdjan, notamment dans les régions du Syunik et de Gegharkunik, où des villages sont régulièrement sous la menace. Le droit au retour des Kharabaghtsis sur leurs terres arméniennes ancestrales sera également évoqué par l'avocat arméno-américain Karnig Kerkonian, qui insiste sur l'importance de sa reconnaissance, tout en dénonçant la politique de nettoyage ethnique menée par Bakou.
Le 8 octobre, une rencontre a eu lieu avec des parlementaires français, dont le sénateur Gilbert-Luc Devinaz et la députée Isabel Santiago qui, évoquant « le scandale de la COP 29», ont exprimé le soutien de la France et « leur volonté commune de faire porter la voix de nos parlements pour être utile par nos possibilités à nos amis arméniens »
Après Paris, la délégation se rendra à Bruxelles et à Londres, avant de poursuivre ses efforts à Washington et Berlin. L'opération relaye en fait la campagne lancée aux États-Unis il y a quelques semaines par le fils de Ruben Vardanyan, David, avec le Comité national arménien*. Partout ce même message : la libération des prisonniers arméniens doit être une priorité avant l'ouverture de la COP 29 à Bakou. Ce premier pas indispensable pourrait, espèrent les organisateurs, ouvrir la voie au retour du peuple d'Artsakh sur ses terres, conformément aux décisions de la Cour internationale de justice des Nations Unies.
La rencontre publique se tiendra ce 10 octobre à 19 heures à la Maison de la Culture arménienne, 17 rue Bleue, dans le 9e arrondissement de Paris.
* Armenian National Comittee - ANC - fondé par le Dashnakutyun en 1965 pour revendiquer la cause arménienne et la reconnaissance du génocide.