110 ans après le génocide des Arméniens : l’Arménie résiste, et la France doit tenir bon

Le 24 avril 1915 débutait l’un des crimes les plus effroyables du XXe siècle : le génocide des Arméniens. Il y a cent dix ans, dans l’Empire ottoman déclinant, plus d’un million et demi d’Arméniens — hommes, femmes, enfants — furent exterminés parce qu’ils étaient chrétiens, parce qu’ils étaient Arméniens. Ce crime fut méthodiquement planifié, exécuté dans le silence du monde, alors que les nations étaient engluées dans les tranchées de la Grande Guerre.

Ce fut le premier génocide du siècle, prélude funeste aux abîmes que l’humanité allait traverser.

Cent dix ans plus tard, le souvenir demeure. Il nous appartient de le raviver, de le porter, non comme un fardeau du passé, mais comme une responsabilité d’aujourd’hui.

La France, terre d’accueil de la diaspora arménienne, fut la première grande nation à reconnaître le génocide. À l’heure où certains s’obstinent à nier l’évidence historique, nous devons plus que jamais affirmer la vérité, proclamer la mémoire, et défendre la dignité du peuple arménien.

Ce peuple n’a jamais fléchi. Il s’est relevé, il a reconstruit, il a prié, chanté, bâti. Il a fait rayonner sa culture et sa foi au cœur de la diaspora, en France, en Europe, en Amérique, sur les cendres d’une tragédie toujours vive. Les Arméniens sont le symbole d’un courage tranquille, d’une fidélité sans faille à leur terre, à leur foi, à leurs morts.

Mais le péril, aujourd’hui, plus que jamais, rôde à leurs frontières. L’Artsakh ou Haut-Karabagh, terre arménienne depuis plus de vingt-cinq siècles, a vu sa population déracinée sous les assauts conjoints de la violence turco-azérie et du silence international complice. Des dizaines de milliers de familles ont été chassées de leur terre ancestrale. Le nettoyage ethnique y a été accompli avec méthode, dans l’indifférence de trop de chancelleries.

L’Arménie, ce petit pays chrétien au pied du Caucase, est encerclée, isolée, menacée.

C’est pourquoi, nous, sénateurs et députés de la République française, appelons à une mobilisation totale pour la reconnaissance, la défense et la protection du peuple arménien. Parce qu’il est notre frère. Parce qu’il fait partie des chrétiens d’Orient qui sont en train d’être éradiqués. Parce qu’il incarne la permanence d’un peuple enraciné, qui défie les siècles et les empires.

En ce 110e anniversaire, nous ne venons pas simplement commémorer un drame ancien. Nous nous engageons. Pour que jamais ne s’éteigne la flamme de la mémoire. Pour que jamais ne retombe la vigilance. Pour que l’Arménie vive, dans la liberté, la paix et la souveraineté.

Comme le disait le général de Gaulle : “Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités.” Et la réalité, aujourd’hui, c’est que l’Arménie est menacée. Notre gouvernement doit cesser de parler. Il doit agir. Il est de notre devoir de Français, de notre honneur de parlementaires, de rappeler cette vérité, afin de nous tenir aux côtés de l’Arménie.

Souvenons-nous. Et plus encore agissons

Premier signataire: Henri Leroy, sénateur

Signataires (par ordre alphabétique) :