Par Tigrane Yegavian
Né en 1938 Spirou, héros immuable, gravé à tout jamais dans la BD belge francophone, trône au pavillon de la Fédération Wallonie-Bruxelles, révélant son message aux valeurs universelles.
En wallon, Spirou signifie à la fois « écureuil » et « facétieux » un nom qui sied bien au plus connu des grooms qui, dans ses débuts, s’illustrait par ses farces. Depuis lors, des générations de scénaristes, de dessinateurs, se sont succédé croquant un visage contemporain au groom rouquin.
Coqueluche aujourd’hui octogénaire de la BD mais plus jeune que jamais, Spirou a évolué, s’est métamorphosé pour le plus grand bonheur des jeunes lecteurs. Il s’est associé cette année aux efforts du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme pour marquer le 70e anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Homme. « Spirou 4 rights », tel est le nom de l’initiative dont le fameux hebdomadaire Spirou a publié une édition spéciale, associant les dessinateurs de BD les plus en vogue à la thématique des droits de l’homme.
Pendant ces journées de la Francophonie, le pavillon de la Wallonie-Bruxelles a choisi de relayer ce message universel à travers la Bande Dessinée. Liégeoise et fière de l’être, Jessica Mixhe travaille à la Région Wallonie Bruxelles, elle est en charge des relations culturelles bilatérales entre la Belgique francophone et l’Arménie. Sa mission : promouvoir la langue et le savoir-faire de la région Wallonie-Bruxelles en Arménie.
Auparavant, la jeune femme n’avait que de maigres connaissances sur sa destination. Mis à part que l’Arménie a connu une révolution de velours, que ce pays partage sa taille avec la Belgique, Jessica était persuadée de faire un saut dans l’inconnu total. Et aujourd’hui, Jessica, avec l’aide oh! combien précieuse de Spirou, veut tirer profit des journées du village de la Francophonie pour repérer les institutions et les partenaires potentiels, promouvoir des talents. Avec d’autres héros de la BD francophone belge, Spirou s’approprie donc la Déclaration des Droits de l’Homme, il dynamise chacun des 30 articles du texte fondateur, il fait résonner d’un ton, sérieux mais léger, sans austérité, le sens de ces planches qui nous parlent de rassembler, d’exprimer son opinion, du droit à la justice.Une belle porte d’entrée pour ceux qui ne connaissent pas encore la Belgique. Ils seront attirés par le personnage au chapeau frappé des couleurs du drapeau national. « Nous ne nous limitons pas juste au chocolat et à la bière ! » souligne Jessica, le sourire aux lèvres.
Notre liégeoise, tout sourire, veut sérieusement au cours de cette semaine du 7 au 12 octobre, à l’ombre de l’Opéra d’Erevan, créer des ponts entre la Belgique francophone et l’Arménie, trouver quels thèmes développer ensemble, identifier les besoins de part et d’autre, les forces et l’expertise de chaque côté, faire en sorte de trouver les raisons et les expressions d’une complémentarité, d’un concours gagnant-gagnant.
La jeunesse d’Arménie va-t-elle devenir fan de BD comme certains de ses aînés ? Il y a une dizaine d’années, on vu débarquer ici un autre Belge célèbre, Sa Majesté Tintin en personne. Le fils spirituel de Hergé fit en effet le voyage d’Erevan dans les bagages de Jean Mardikian, Inventeur du Festival international de la BD à Angoulême et du Festival de la bande dessinée d’Erevan. Ainsi fut introduit le 8ème art sur cette terre où la pratique de la calligraphie et de l’enluminure s’exprime naturellement, depuis quelques siècles déjà!